Lotfi ATTOBI est né en 1962 a Rabat.
Après des études d’automatismes et de mathématiques, il enseigne les mathématiques et simultanément se met a peindre et ce depuis près de vingt ans.
Cet artiste autodidacte a vécu en France dès dix huit ans, notamment a Paris, Reims et Lille.
Il est venu a la peinture presque spontanément dans sa quête sur le fonctionnement du cerveau. En effet, la où les outils apprivoisés dans le cadre de ses études (Automatismes, Mathématiques) ont failli a calmer sa soif de sens, la peinture ravive chez lui un nouveau souffle et l’embarque dans un autre espace de réflexion. Elle devient pour lui une expression, une alliée de la vie.
Il peint depuis une vingtaine d’années, et chaque peinture est acte de réflexions et d’expressions. Il nous offre un travail singulier, laissons parler les titres qu il donne a ses toiles pour essayer d’entrer dans son univers :
– « Le démembrement des certitudes »,
– «Tout cesse sans cesse »,
– « l’étrange rencontre du familier »,
– « Discours recevable » ou encore
– « Accords discordants ».
Dans une culture arabe ou la quête du sens est un moteur et un aboutissement en soi, les toiles de Lotfi peuvent être déroutantes de prime abord, car ce sens tant recherché est décliné en une multitude de fractions de sens autonomes. Chaque toile devient, ainsi, un déluge de sens. Chacune en est l’image d’un sens délirant, d’un sens éparpillé dans tous les sens, pour un « non sens » imaginaire.
Ces Equations, pardon ces toiles, n’acceptent ni jugements lucides, ni analyses a tête reposée, car elles sont le produit d’une peinture de spontanéité et d’action, une de ces peintures qui vous happent et vous envo»tent dés l’instant précis où votre regard les croise.
Et c’est ce premier impact, bien avant les impressions premières, bien avant que votre esprit ne se mette a penser et a retrouver toute l’étendue de sa lucidité pour juger, qu il faudra chercher ce « sens » : La clé du sésame.
Notre univers actuel est devenu un réseau de communication de tous genres. Aucune frontière n’est réelle, toutes ne sont que virtuelles et les toiles de Lotfi ne dérogent pas a cette règle. Toutes ces Tangentes, je veux dire ces lignes qui traversent la toile dans tous les sens et qui peuvent s’apparenter au réseau d’une carte de métro ou téléphonique qu importe, Lotfi n’est nullement face a des Probabilités…il accepte tout ce qui arrive. Car ce qui arrive n’est que l’expression subjective de chaque être et c’est l’ensemble de tous ces sens subis et suggérés, une fois mis bout a bout sur une toile, qui finit par donner le plein sens.
Chaque toile de Lotfi est faite de Données, de suggestions et de bribes éparses mais autonomes. Chaque bribes est la a vous défier, a vous narguer et a vous proposer un jeu selon ses règles pour mieux se déjouer de vous; a vous conduire, comme lasse d’un jeu qui n’a que trop duré, en visite guidée, vers une autre partie de la toile, une autre partie du puzzle ou elle finit allègrement par s’imbriquer et se lier.
Chaque toile n’est que la suite d’une précédente. Aucune n’est une fin en soi. Chacune s’inspire des unes pour inspirer les autres. Tout est relié. l’unité dans la diversité. Le royaume desEnsembles Entiers.
– « Il m arrive de travailler sur dix tableaux a la fois. Certains m ont pris 6 mois avant que je les termine. Mais au final aucun de mes tableaux ne ressemble a un autre : Les couleurs diffèrent, la lumièreje n’aime pas faire partie de ces peintres dont, dès qu on a vu un seul de leurs tableaux, nous donnent l’impression d’en avoir vu la totalité ».
Dans ses œuvres, il cherche dans l’acte de peindre, ce geste spontané qui serait un prolongement de sa pensée, comme si l’expression de son questionnement devait passer par le corps, son corps.
Voila ce qu il nous dit encore a propos de sa peinture : « les adultes que nous sommes ont perdu cette richesse qui leur permettait d’embrasser les détails éparpillés en un acte immédiat et unique de compréhension cette réflexion m a conduit a chercher une peinture dont la structure suggère un univers dont l’architecture pourrait rejoindre le mode de fonctionnement de la pensée ».
Un Algorithme d’alchimie de l’égo et du rythme pour œuvre Intégrale !
“Que La carte ne soit pas le territoire”,thème de cette exposition, que « les montagnes finissent par se rejoindre », que tout ne soit que communication et réseaux, que cela se fasse par des Automatismes visibles ou occultes qu importe, avec Lotfi c’est toute la science des mathématiques qui retrouve un go»t « Romantique », le temps d’un regard.
c’est le mathématicien qui se dissout dans le peintre, pour séduire et envo»ter le temps d’une exorcisation…le temps d’une Toile.
Lotfi ATTOBI a exposé du 04 au 28 Février a la galerie B.ZAHIDI a El Jadida.
Abdellah HANBALI
L’ECHO