La fin du 20ème siècle a été le témoin d’une augmentation importante de l’incidence du diabète de type 2 chez les enfants et les adolescents. Considéré comme une pathologie peu commune il y a 20 ans, le diabète de type 2 du sujet jeune représente actuellement l’une des formes de la maladie dont l’incidence augmente le plus nettement aux Etats-Unis mais aussi dans d’autres pays1..
Au Maroc déclare le Pr. Abdelmajid Charïbi a l’ouverture de la 2ème journée Sanofi-Aventis, organisée samedi et dimanche 5 et 6 juillet au palace du Golf a El Jadida sous le thème « Unis contre le Diabète », une étude épidémiologique réalisée en 2000 sur des sujets âgés de plus de vingt ans révèle une prévalence moyenne. Huit a 45 % des nouveaux cas de diabète diagnostiqués chez les jeunes aux Etats-Unis sont des diabètes de type 2 non-autoimmuns, et l’ampleur de cette “épidémie” est probablement sous-estimée, compte tenu du caractère initialement peu symptomatique de la maladie. Animées par 3 conférenciers français éminents spécialistes dans le domaine et trois autres marocains non moindres, précise le Pr. Chraïbi, ces 2ème journée sont l’opportunité idoine d’échanger les dernières actualités scientifiques et de confronter les expériences sur le traitement et la prise en charge du Diabète
L’incidence a également doublé au Japon : de 7,3/100 000 adolescents entre 1976 et 1980, elle est passée a 13,9 entre 1991 et 19951. Logiquement l’apparition de cette forme de diabète suit celle de l’obésité dans les pays occidentaux. Les données du National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) II en 1984 et du NHANES III en 1994 montrent que la prévalence de l’obésité a cet âge a doublé dans cet intervalle. Il semble bien que les facteurs de risque génétiques du diabète de type 2 liés a l’environnement soient similaires chez les adultes et les adolescents.
Il semble que l’adolescent, dont la durée d’évolution du diabète est forcément courte, bénéficie d’une réversibilité de ces anomalies de fonctionnement insulaire après élimination de la glucotoxicité, ce qui justifie la prise en charge précoce de ces jeunes patients. Par contre, si le diagnostic de diabète de type 2 reste méconnu jusqu a l’âge l’adulte, le syndrome d’insulinorésistance provoque une altération irréversible de la fonction insulaire5. l’intolérance au glucose représente l’aboutissement clinique de ce syndrome métabolique insidieux caractérisé par un hyperinsulinisme a jeun et/ou postprandial associé a une hypertension artérielle, une dyslipidémie avec hypertriglycéridémie ou diminution du HDL cholestérol, a une obésité, et aux anomalies du cycle menstruel avec hirsutisme secondaire a l’hyperandrogénie ovarienne. Pendant des années, la diminution de sensibilité hépatique et musculaire a l’insuline est compensée par l’augmentation de la sécrétion de l’insuline.
Chez l’adolescent, l’insulinorésistance apparaît avec l’évolution pubertaire de façon apparemment parallèle a la sécrétion de GH. Ce phénomène contribue au développement de l’hyperglycémie postprandiale puis, avec le temps, a l’épuisement des cellules et a l’apparition de l’hyperglycémie a jeun.
La difficulté du problème pour les pédiatres est que le diabète se manifeste relativement tard par rapport a d’autres pathologies liées a l’hyperinsulinisme chronique : certaines maladies cardio-vasculaires, hypertriglycéridémie, troubles des règles ou encore obésité morbide, problèmes orthopédiques, apnée du sommeil, dépression.
Concernant le traitement, les principes du traitement du diabète de type 2 chez les enfants et les adolescents sont similaires a ceux du diabète de l’adulte et associent la pratique d’une activité physique régulière au régime. l’activité physique a l’école ou en dehors avec participation a des activités collectives ou individuelles permet d’augmenter les dépenses énergétiques, favorise l’observance des mesures diététiques et donne une meilleure image corporelle. Les parents sont encouragés également a y participer. A noter dans ce sens la mise en place aux Etats-Unis des programmes de “Kid Fitness Management”.
Sur le plan diététique, il paraît préférable, dans les écoles, de procéder par recommandations positives, plutôt que d’édicter des interdits et de diaboliser certains aliments. Il s’agit d’apprendre aux enfants a tempérer les excès et a consommer des quantités raisonnables des produits a forte densité énergétique riches en sucres et graisses (viennoiseries, chips, en-cas, barres chocolatées, etc), a diminuer également la consommation de boissons avec sucre ajouté et de réduire les collations devant la télévision.
Si ces mesures ne sont pas suffisantes, un traitement médical complémentaire s’avèrera nécessaire. La plupart des programmes visant a retarder l’apparition du diabète patent chez les prédisposés par des moyens hygiéno-diététiques et/ou médicamenteux n’ont pas inclu d’enfants ni d’adolescents. Des études complémentaires seront donc nécessaires pour développer des protocoles efficaces de prise en charge précoce de ce groupe qui s’avère de plus en plus a risque de diabète.
Mohamed LOKHNATI
Eljadida.com