Mamadou est un adolescent nigérien. Il est né en 1984 dans les provinces de la capitale. Il a maintenant vingt-cinq ans. Il est issu d’une famille très modeste. Son père était marchant ambulant et sa mère faisait le ménage dans les maisons des voisins riches. Les parents essayaient de faire de leur mieux pour que leur fils soit scolarisé et devenir un homme respectable. Leur seule préoccupation était de voir Mamadou heureux comme les adolescents de son âge.
A l’âge de dix-sept ans, Mamadou était en terminale. Il était très optimiste. Il aura bientôt son bac et pourra décrocher un travail pour vivre dignement. Son enthousiasme était une arme puissante qu il utilisait pour vaincre ses obstacles, et pour montrer a ses parents qu il est un homme responsable.
Après l’obtention de son diplôme, les parents de Mamadou décidèrent que leur fils devra aller poursuivre ses études en Amérique. Mamadou, qui n’a pas aimé la proposition de ses parents au départ, finit par se soumettre, par la suite, et se rendit compte qu il devrait réaliser le rêve de ses parents.
c’est dans un quartier populaire a New York que Mamadou a choisi de s’installer. Vu la cherté de la vie dans ce pays, Mamadou se trouvait dans l’obligation d’étudier pendant le jour et de travailler tous le Week-ends dans les restaurants. Mais, ce n’était pas aussi possible que ça ! Mamadou se sentait mal dans sa peau, un noir indésirable. Les yeux rancuniers des blancs le poursuivaient tout le temps et partout. A leurs yeux, c’est un esclave fait pour servir la race blanche.
Un dimanche, a vingt heures du soir, pendant que Mamadou revenait a longs pas, la tête arquée, dévoré par la fatigue, perdu dans un monde sans début ni fin, peur d’un avenir sans tête ni queue, une bande d’adolescents interrompit son chemin. Un gandin, des boucles aux oreilles, les côtes de la tête très rasées, avança tout droit vers Mamadou et lui souffla a l’oreille :
– Dis ptit négro ? T as bien l’air s»r de toi ! Qu est-ce qu un black comme toi fasse a cette heure-ci ?
Mamadou s’éloignait a reculons et voulut l’éviter. c’est alors que le gandin sortit son pistolet, le braque en direction de la tête de Mamadou et cria a toutes ses forces :
– Vous voyez les mecs ? Il se moquait de nous, il a dit qu il se moquait de nous
Mamadou les suppliait de le laisser aller et qu il n’est pour rien. Mais, ils l’ignoraient et parlaient tous a la fois a haute voix pour ne pas l’entendre. Ils ont vidé ses poches et chicanaient sur la façon de le tuer. Soudain, a l’autre point de la rue, une lumière commença a s’allumer et s’éteindre. Le gandin remarqua ces signaux de lumière et grogna :
– c’est l’un des tiens ? Dis donc ? T es pas seul !
– Suis seul, je le jure ; je ne connais personne, répondit Mamadou.
– Il a dit qu il jure, contesta le gandin (un moment de rire) ; silence ? Tu nous prenais pour des débiles ?
A ce moment la, un homme robuste, vêtu de noir, masqué, descendit de la selle de sa moto et resta immobile. Tous les yeux de la bande se pointaient sur lui. Mamadou, situé entre les deux points de mire, ne cessait de pivoter son visage a gauche et a droite. En fait, c’est sa vie qui était en danger. Il profita de ce moment d’échange de regards et courait vitement pour s’abriter.
– Mais qui est ce type ? Vociféra un membre de la troupe.
Ils sortissent tous leurs pistolets et menaçaient l’inconnu qui faisait semblant de ne rien entendre et comprendre. Le sang froid de l’inconnu rendait la situation plus délicate et gênante a la fois. Un moment de suspens très singulier.
– c’est quoi ce barouf ? Ecoutez-moi bien sale troupe de truands, vous avez deux minutes, pas une de plus, pour évacuer ces lieux, leur dit l’inconnu et regarda sa montre.
L’un d’entre d’eux donnait l’apparence de quelqu un qui pleurait et disait :
– Regardez ! Il me fait peur ! Voyez-vous les gars ?
Soudain, on entendit le bruit d’un pistolet qui se déchargeait. Deux bandits sont tombés morts, deux autres ont été blessés et le cinquième s’est sauvé. Ebahi, Mamadou se contentait de regarder de loin, sans conscience, cette tragédie sans dramaturge. Son cœur est brisé par la peur. Il n’a jamais vu, en effet, des armes a feu in live.
L’inconnu lui fait signe de victoire par sa main, remonte sur la selle de sa moto et disparaît sans dévoiler son identité. Mamadou, très terrifié, rentra a la chambre qu il louait. Il ne savait plus s’il devrait rentré chez lui au Niger ou terminer ses études et assumer les balles des autres.
Le lundi matin, il y a la police sur le lieu du crime qui est venue pour enquêter sur l’affaire. Il n’y a ni témoin, ni trace ; uniquement des cartouches. Les corps inertes étaient ramassés et déposés a la morgue en vue de pratiquer une autopsie, et les blessés étaient ramenés a l’hôpital pour les soigner. Personne ne savait précisément ce qui est passé. On ignorait les détails de ce spectacle où des sujets mourraient. Mamadou, a lui seul, connaissait le secret qu il s’interdit de divulguer. Les rescapés et l’inconnu, a leurs tours, se sont dérobés a jamais. l’affaire est classée.
Trois années se sont écoulées, Mamadou obtient une licence en droit et fonda une association défendant les causes de l’homme noir. Son séjour a New York était un défi a l’agression et au racisme. Il est actuellement au Niger où il exerçait le métier d’avocat. Ses parents sont très fiers de lui.
MAKAN Abdeltif
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