Il est samedi, jour de paie d’argent de poche pour les uns, jour de briser la tirelire pour les autres. Mais tous sont pris de cette frénésie qui les a titillés durant toute la semaine d’école. Samedi c’est jour de fête, jour de ciné, jour de Marhaba !
Tous se pressent pour terminer le repas tardif de ce début de week-end. Il est hors de question de rater le rendez-vos hebdomadaire. Quitte a acheter les tickets au marché noir !
Allez encore un petit coup de peigne, on vérifie si le pantalon a le pli qu il faut et hop direction le centre. Les plus mordus foncent a vélo. Tous vont bientôt converger vers leur lieu mythique, a la rencontre des stars qui les font rêver : Clint Eastwood en colt a ses débuts, Sean Connery en kilt dans ses bolides, Gabin, Montand et les autres
A nous, Marhaba, paraissait majestueux, magique, comme un temple hindou de blancheur immaculé. A peine si le concessionnaire Fiat en face, et la station Shell au coin ne sortaient pas d’un décor de film américain. Non loin de la le bruit des vagues de la mer située juste derrière vous berce les oreilles et complète le tableau. Les palmiers légendaires qui longent la belle avenue vous font presque oublier Cannes et ses marches.
Il est maintenant l’heure du rendez-vous. Frissons aux corps. Tous les acteurs sont la : les copains , des inconnus aussi , le marchand de cacahuètes déja assailli, l’épicier (le sheulh) sur le trottoir d’en face débite déja ses boissons, quelques casse-cro»tes aussi pour ceux qui ont raté le repas en famille.
On attend que la sonnerie retentisse annonçant l’ouverture des portes. Un dernier coup d’œil sur les affiches des deux films qui nous sont offerts a voir. Rassurés, pas de changement de dernière minute. Les retardataires se pressent de négocier leurs tickets au marché noir. Les dernières cacahuètes s’arrachent. La petite sonnerie. Les sourires sur les lèvres. On a encore une fois gagné. On quitte le jour pour le noir, la réalité pour le rêve. Quatre heures de bonheur. Marhaba c’était ça !
Mogadorazur