En cette soirée du 19 mai, une ambiance inhabituelle régnait avant ce café littéraire. Et pour cause, l’invitée n’était autre que Maria ZAKI, poétesse et écrivaine née en 1964 a El Jadida. Docteur d’Etat ex-sciences, enseignante universitaire au Maroc puis directrice de recherche et de développement dans l’industrie chimique en France.
Avec Fouad LAROUI, elle est aujourd hui le nouveau porte drapeau des DOUKKALAS en littérature.
Une région dont les plaies laissées par les disparitions successives de d’Abdelkbir Khatibi et Driss Chraibi n’arrivent toujours pas a se cicatriser.
Khatibi a d’ailleurs été le premier a pressentir en elle l’oiseau rare. Celle qu il doit désormais guider, conseiller et accompagner jusqu a l’éclosion de son talent.
Et s’il avait pu être parmi nous ce soir, il en aurait été fier d’elle. Fier de l’étendue de ce chemin qu elle s’est frayée.
Quant a la tente Caïdale dressée au milieu du jardin de l’AFM pour la circonstance, elle s’est avérée exigüe pour un événement inédit a bien des égards.
Puis Maria ZAKI est entrée et s’est mise a nous lire certains passages de ses romans, a nous captiver et surtout a nous imbiber de leur univers fantastique.
A l’histoire du masque de Venise, succédait celle de la métamorphose numérique, ou encore le mystère de la bibliothèque
Plus aucune frontière n’existait plus entre Réel et Virtuel, plus aucun obstacle entre le possible et l’impossible… Maria était comme un pilote a bord de sa navette. Elle nous baladait. Nous faisait découvrir en visite guidée des univers jusqu alors méconnus. On y prenait confiance et go»t. On s’y amusait a faire autant d’allers-retours qu on voulait que notre pilote voulait.
Certains des lieux visités, nous sont pourtant si familiers, si proches : El Jadida, Sidi Bouzid, TIT (Moulay Abdellah), café X ou YOn ne s’en lassait plus. Et a mesure qu elle nous en donnait a voir, notre appétit s’aiguisait et on en voulait encore et encore.
Mais a travers ce jeu, l’auteure joue avec son lecteur pour mieux se déjouer de lui l’instant d’après. Elle le traine sur son terrain de prédilection, aux frontières du réel, des tabous, des interdits, des normes, des clichés et de tout ce dont notre société Arabo-musulmane se caractérise, pour tout faire exploser, tout remplacer, réinventer, tolérer, permettre
Maria pouvait tout dire, tout combattre, tout se permettre, sans la moindre crainte., ce n’était qu un moment d’évasion après tout un rêve.
. Et lorsque Maria a jugé que nous avons suffisamment vu et suffisamment admiré, elle a pris soin de mettre fin a notre « hypnose » et de nous ramener tout en douceur sur la terre ferme, Il n’y manquait plus que des hôtesses pour nous annoncer : « Mesdames et messieurs, veuillez détacher vos ceintures, ala slamtkoum ».
Encore groggys par tant de découvertes, nous reprenions cahin-caha nos esprits dans une tente Caïdale, ou il n’y manquait plus que des Youyous et peut-être aussi, une petite partie de Tbaourida, pour que le décor d’une lointaine Arabie et de sa Reine de Saba, soit bien implanté.
Voici par ailleurs son poème sur son mentor KHATIBI. Un poème où elle livre un émouvant hommage a celui qui l’a presque crée de toutes pièces.
« Dans la nuit soucieuse
De notre aimance
Inachevable et inachevée
Dans la nuit orageuse
Plus haute que les marées
c’est déja le rêve !
Mêle-nous a toi
Dans les eaux
D un miroir intemporel
Entre fulgurance et éclat »
Auréolée de ses deux dernières publications durant cette année 2011 : un recueil de poèmes « Sur les dunes de l’aimance » et d’un roman « la fable du deuxième sexe », MARIA ZAKI est restée fidele a son imagerie bordée de références propres a l’encyclopédie khatibienne.
Saluons la pour sa réussite littéraire innovante et pour l’image positive de la Femme Marocaine qu elle véhicule a travers ses œuvres.
Bibliographie de MARIA ZAKI :
Recueils de poésie
– Voici défait le silence
– Entre ombre et lumière
– Et le cheval se relève
Romans et Nouvelles
– Histoires courtes du Maroc
– Triptyque fantastique
– MAKTOUB ( Et autres nouvelles)
– La fable du deuxième sexe
Abdellah HANBALI