L une des découvertes les plus surprenantes de la musique urbaine marocaine de ces dernières années est le groupe Mazagan. Visuellement sublime, musicalement captivante, cette troupe native d’El Jadida est l’exemple de qualité sonore qui tourne en eau de boudin.
Amateur de variations et de métamorphoses, le groupe offre un joli cadeau a la ville qui a donné naissance a de nombreux grands artistes et écrivains tels que la légende Driss Chraîbi. Mazagan prépare l’enregistrement de son deuxième album prévu pour la fin de cette année 2007 avec douze titres au total. Un programme généreux et vaste, un peu trop ambitieux. Pour atteindre ce résultat, il faudrait que leurs morceaux, beaux, curieux, étranges ou banals, ne soient pas suspendus dans le temps et dans l’espace. On peut découvrir dix chansons déja écrites, composées et finalisées traitant de thèmes riches et diversifiés. Un amalgame de sujets s’articulant autour du quotidien de la jeunesse et la société marocaine. Ce sont eux-mêmes qui signent leurs textes et leur musique. A noter, par exemple, la chanson «Mellina» autrement dit «on a marre» qui met en exergue la situation socio-économique des jeunes exposés aux différents maux dus essentiellement a l’oisiveté, au chômage et a la marginalisation.
Il y a également «Hareg fi Marsillia» qu on peut traduire comme «émigrant clandestinement a Marseille» où notre troupe met l’accent sur les conditions précaires dont souffrent un bon nombre d’immigrés clandestins ne disposant pas de leurs papiers de résidents étrangers. l’une des chansons les plus prometteuses d’un éventuel succès du prochain album de Mazagan est celle intitulée «Mina». Cette dernière est «le symbole de toute femme marocaine qui ne rêve que de vivre dignement se contenant ainsi de simples besoins de la vie», explique Issam Kamal, co-fondateur du groupe Mazagan.
Totalement rayonnant, le groupe donne un nouveau ton a la musique urbaine marocaine en général et jdidie en particulier. «Laylaha Illa Allah» ou «Il n’y a d’autres dieux qu Allah» est un morceau où le groupe puise les rythmes de la musique gnaoua. Multi-instrumonistes qui maîtrisent guitare, luth, banjo, hajhouj, krakebs, percussions, batterie. La musique guérisseuse des gnaoua, que porte une poignée d’une jeunesse inventive, véhicule la nostalgie spirituelle et mystique. c’est une confrérie a laquelle se fusionnent funk, blues, jazz, chaâbi ainsi que d’autres styles musicaux. Des rythmes arabisants qui s’occidentalisent font danser et s’annoncent même comme le début d’une carrière prometteuse et d’un catalogue réellement articulé dans un cadre social, historique ou chronologique.
Par ailleurs, le groupe entend reproduire la fameuse chanson «Goulou Lha l’moumarréda» du grand chanteur algérien, Rabeh Driassa. «Nous voulons dire, dans notre prochain album, nous avons marre de l’injustice et l’inégalité souvent exercées a l’encontre des jeunes et des couches sociales démunies», affirme le co-fondateur du groupe Mazagan.
La frimousse et les intonations de la charmante musique de la troupe évoqueront une fluidité de sensualité vibrante d’onirisme intime et d’arrangements savants. Dans le même registre d’une élégance instrumentale et poétique peu croisée dans la jeune chanson marocaine qu on nomme la musique urbaine, ce deuxième opus se révèle tout aussi recommandable et vaporeux.
Akil Ayoub
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