«Tit» ou «Titnefetr» fut longtemps appelée «Aïn El Fitr» puisque de son sol jaillissait une source où s’arrêtèrent, au début du 5e siècle de l’Hégire, Ismaïl Amghar, un ascète qui vivait a Médine en Arabie Saoudite, et ses frères et qui marchaient droit vers le couchant jusqu a l’Atlantique sur les côtes marocaines. cette époque, les Almoravides régnaient sur le Maghreb.
Aujourd hui, on connaît le site concerné plutôt sous le nom de Moulay Abdellah Amghar, un petit fils du fondateur qui créa une zaouia, avec une seconde mosquée dont il acheva les fortifications. Les défenses de Tit consistaient en une grande enceinte triangulaire, flanquée de tours crénelées, carrées ou demi-rondes, faisant saillie a l’extérieur. Ce rempart était percé de trois portes monumentales disposées en chicanes. Bab El Jadida s’ouvrait a l’angle du nord, Bab Asafi commandait l’angle sud, la porte sud-ouest, la route de Safi, seules les ruines de Bab El Qabli, la porte du sud-est, donnent encore une idée précise de l’art architectural et de la puissance défensive dont les fondateurs de Tit l’avaient dotée, construite en pierres de taille et en couches épaisses de mortier.
Bab El Quabli montre encore presque intacte sa coupole de pierre sur penditifs, ses arcs brisés clavés en pierres de taille. son extrémité méridionale se prolongeait une muraille protégeant le chemin qui menait au Borj de la mer. Ces vestiges montrent, cependant, la solidité de cette construction massive. c’était bien la un Ribat maritime! Et l’on a pu dire que Tit était le plus ancien et le plus bel exemple qui soit en Afrique du Nord!
Tit sert, de nos jours, chaque année, de cadre au célèbre moussem de fantasia (plus de 1.000 cavaliers) au cours duquel se dressent pendant 7 jours quelque 20.000 tentes et rassemble plus de 200.000 visiteurs. Concernant les deux minarets de Tit, le plus ancien fut construit par Ismail Amghar et son fils Ishaq, sous la dynastie des Almoravides vers 1060. La mosquée, dont il faisait partie, a malheureusement disparu, mais le minaret, qui existe encore même s’il a perdu son lanternon est néanmoins un bel exemple du style almoravide de tradition cordouane .
c’est une tour carrée, haute de 7 m50, large de 3m10 a la base, élevée sur un socle d’environ 2m. Sur le fond uniforme d’un appareil en pierres de taille, d’une admirable régularité, percé de quelques montures, se détache la décoration placée a bonne hauteur, a cheval sur les 2 tiers, ce qui est aussi un des traits typiques des minarets de cette époque. Le second minaret de Tit, qui fut construit au temps des Almohades, est plus près de la mer dans la zaouia fondée par Moulay Abdellah. Les deux minarets concernés sont d’une grande importance pour l’histoire, la civilisation islamique et pour l’architecture.
Aujourd hui, la plupart des richesses monumentales de Moulay Abdallah Amghar ont disparu et il n’en reste que quelques-unes qui sont tombées en ruine a cause de la négligence. Ces vestiges sont situés dans des zones d’urbanisation sauvages, entourés d’ordures de toutes parts. De même, les deux minarets sont dans un état de dégradation avancée. Ainsi, Moulay Abdellah, qui est l’une des plus anciennes communes de notre pays, souffre de plusieurs carences au niveau de la préservation de son bâti ancien. La visite des différents monuments laisse l’impression qu on est devant des lieux sombrant dans une longue agonie, laissés parfois dans un état d’abandon, ce qui accélère le rythme du délabrement de ces trésors.
L’ignorance de la valeur de ce patrimoine, le manque d’information d’une part et la non-valorisation de ces monuments d’autre part tant au niveau éducatif, social que de la gestion s’illustrent par le peu d’intérêt que porte le Conseil rural a son héritage. Tit incite a une prise de conscience sérieuse de la part des responsables et des gérants de cette riche commune du Royaume.
Abdelmajid Nejdi
LE MATIN