Parcours et témoignage d’un Mazaganais

Bonjour tout le monde,

Faisant suite a mes quatre articles relatant des “Faits et méfaits…”, permettez-moi cette fois-ci de vous soumettre une portion laconique de mon ouvrage intitulé:”Parcours et témoignage d’un Mazaganais”.

Louange a Allah ; que les éloges et la paix soient sur notre Maître, notre Prophète et bien-aimé le Messager d’Allah Sidna Mohammed.

Au lendemain de l’abdication des Allemands et le suicide du « Führer » Adolf Hitler le 30 Avril 1945 dans son Bunker a Berlin, la France pays usurpateur et non reconnaissant, au lieu proclamer en signe de gratitude, l’indépendance du Maroc, elle passa prestissimo l’éponge sur le sacrifice méritoire de plusieurs dizaines de milliers de jeunes soldats Marocains originaires la plupart du moyen Atlas, qui ont combattu avec une bravoure retentissante, placés toujours en première ligne avec d’autres soldats étrangers (notamment des Africain), en face d’une armée Allemande très fortement équipée et mieux entraînée.

Nos compatriotes sont malencontreusement morts pour une cause qui ne regardait que la France ; une France qui a fait de certains de nos combattants Marocains restés chez eux après la fin de la seconde guerre, des canards boiteux, sans oublier cependant de rappeler l’exploitation démesurée des richesses de notre Pays par des colons Français sans vergogne.

Grâce a la générosité illimitée des Doukkalis, a leur esprit de solidarité hérité de nos ancêtres et imposé par l’Islam, beaucoup de vies humaines Mazaganaises ont pu être sauvées de la famine (conséquences directes de la guerre) qui régnait au sein de la population Marocaine en général, en majorité a l’époque illettrée et malade.

Au derb Lahlali comme dans le reste des quartiers de Mazagan, la plupart des maisons n’avaient ni eau courante, ni électricité, ni poste radio. c’étaient bien évidemment mes sœurs (selon mes souvenirs infantiles C’étaient des poulettes) qui nous assuraient régulièrement l’approvisionnement en eau potable d’une fontaine implantée en plein cœur du jardin Mershane (appelé communément par les Jdidis d’antan « jardat Bacha Hammou »), située a un jet de pierre de notre “derb”.

Presque tout le monde, aussi bien dans les maisons que dans les boutiques du moment, s’éclairait la nuit avec des lampes a pétrole ou des bougies offrant ainsi peu de visibilité aux habitants et aux commerçants.

A tour de rôle, mes sœurs vont allègrement a la fontaine publique (Tromba) chercher de l’eau, munies de sots métalliques sur lesquels elles tapaient en chantant des airs campagnards trop rythmés, en lançant des cris de joie, profitant ainsi de ce laps de temps de liberté accordé en catimini par ma mère, loin des tracas des travaux internes de la maison et bien s»r et surtout loin de l’oppression d’un frère irascible qui les obligeait constamment de rester a la maison, en leur interdisant de sortir, les tyrannisait toutes sans cesse sous prétexte qu elles étaient pubères. c’était manifestement le conservatisme a l’état pur adopté par mon frère aîné Si Mohammed qui était a leurs yeux un véritable potentat. Que Dieu le tout Puissant pardonne ses fautes, et l’ait en sa miséricorde !

De nombreuses maisons dans notre “derb” étaient habitées par des familles lambda, mal éclairées la nuit soit par des bougies ou des lampes a pétrole ou les deux a la fois, et par conséquent l’absence totale des moyens de distraction aux foyers, ceci poussaient ipso facto les enfants a sortir de chez eux. Tous pleins de vigueur et en bonne santé, ils s’ébaudirent de leur rassemblement tant convoité après avoir piaffé d’impatience toute la journée.
La plupart parmi nous était habillée comme l’as de pique, certains le crâne rasé, la morve coulant du nez, les yeux mal lavés et les pieds nus. Nous nous réunîmes chaque soir sous un poteau électrique éclairé timidement par une ampoule qui n’éclairait qu elle-même, pour se raconter jusqu’a une heure tardive la nuit des anecdotes et des contes populaires souvent hilarantes, échanger des nouvelles apocryphes ou faire le polichinelle, tandis que les filles loin des garçons par tradition, toujours réservées, flegmatiques et distraites, chantaient allègrement, riaient avec mansuétude, sans se soucier du lendemain.

A vrai dire, ces scènes nostalgiques d’un charme singulier, sont et resteront indiscutablement des souvenirs ineffaçables, font que cette enfance reste perpétuellement et immuablement présente en nous adultes.

Merci et a bientôt pour la suite !

Elmostafa ABDOUSS
Eljadida.com

Auteur/autrice