Bonjour tout le monde !
Voici la suite n°2 de mon ouvrage intitulé” Parcours et témoignage d’un Mazaganais”.
Le 20 aout 1955 a eu lieu dans tout le territoire Marocain, un soulèvement du Peuple marocain contre l’occupation française, le détrônement et l’envoi en exil a Madagascar en 1953, de feu SM Mohammed V et sa famille.
Des manifestations plus ou moins violentes ont eu lieu aussi bien a Mazagan que dans tout le territoire sous occupation français, excepté la zone « Nord » occupée a l’époque par les Espagnols, où une certaine accalmie était palpable, dont les habitants épris de nationalisme (a leur tête Mohammed Hassan Ouazzani et Abdelkhalek Torrès, que Dieu le tout Puissant les ait tous les deux en sa miséricorde), ont beaucoup aidé et soutenu la Résistance marocaine contre l’occupant Français.
La riposte illico presto ne s’est pas faite attendre. Des militaires Français ont été mobilisés pour mater cette situation jugée périlleuse par l’occupant, appuyés par des soldats Sénégalais et des Goumis (soldats Marocains originaire du Moyen Atlas, très obéissants aux ordres, agissant sans vergogne ), placés en première ligne comme d’habitude, jamais les Français en avant.
Suite a cette révolte populaire, la population Mazaganaise a enregistré quelques morts et des dizaines de blessés plus ou moins graves, parmi eux un notable traître répondant au de Maâchi habitant au « derb » Touil, assassiné sans pitié par feu Daoui Ould âniba, fils d’un boucher chevronné, farouche résistant et Mazaganais de souche, habitant le même « derb » que l’agent ennemi précité.
Quelques jeunes manifestants effrénés, dont certains déchaînés, se sont attaqués violemment a des intérêts juifs (est-ce pour venger la « Nekba palestinienne des années 48» qui a donné lieu a un exode massif des Palestiniens de leur territoire en 1948 vers des pays plus ou moins lointains “la diaspora palestinienne”?) ,en saccageant leurs maisons et leurs biens, sans que beaucoup de gens a l’époque ne savait exactement le pourquoi du mobile de ces malencontreuses actions, contre une Communauté Juive paisible et bien vivante, qui a bien su vivre en parfaite harmonie avec la Communauté Musulmane Mazaganaise depuis plus de deux siècles passés.
Il convient a l’occasion de rappeler pour mémoire qu en 1861, les premiers habitants de « l’ex-Mazagao qui n’est autre aujourd hui que la Cité portugaise, devenu par la suite Mellah », étaient des Juifs. La population de cette communauté recensée en cette période était de 750 membres, la plupart venus d’Azemmour et une minorité de Safi sur invitation du Gouverneur de Doukkala du moment M. Mohammed ben Ettaybi.
Sur le plan relationnel et a titre d’exemple, ma mère avait une amie Juive répondant au nom d’Ester, qui nous rendait visite de temps a autre pour nous acheter ou nous vendre divers articles usités ; elle partageait volontiers avec nous des repas et des verres de thé. Faut-il noter également que certains juifs Mazaganais cohabitaient et vivaient en parfaite cohérence avec leurs voisins Musulmans dans des quartiers populaires plus ou moins proches du ghetto (Mellah).
De nombreuses arrestations ont eu lieu dans toute la ville au point que ses quatre prisons, a rappeler Habs Souar (Habs: prison) et Habs Laâroubia tous les deux sises au Mellah, une troisième sise auprès de l’ex-Lycée Mixte (Ibn Khaldoun aujourd hui), et enfin la fameuse prison agricole d’Elâder, toutes ont été « pleines a craquer » ce jour-ci et les jours suivant ce soulèvement populaire.
Au lendemain et au surlendemain de la révolte du 20
aout 1955 qui reste une date mémorable pour tous les
Marocains aimant sincèrement leur pays en général et leur ville natale en particulier, la ville de Mazagan a enregistré des départs a la fois hâtifs et massifs de centaines de Juifs Mazaganais, en direction de la Palestine, de l’Amérique du Nord : Etats-Unis et Canada, de l’Amérique du Sud : Chili, Argentine, Vénézuela, Brésil,etc, de l’Europe : la France en particulier où la communauté juive est très influente notamment dans la Politique, l’Economie, la Finance et le Media Français.
Les juifs Marocains sont partis avec des idées vengeresses. Dès leur arrivée en Palestine, ils ont commencé a maltraiter outre mesure la population Palestinienne estimée aujourd hui a 11 millions (diaspora comprise), alors qu une minorité parmi eux, a préféré s’installer a Casablanca, pour rester tout près de la ville de Mazagan, où leurs ancêtres sont nés et enterrés dans la « Miâra » (cimetière juive), après avoir quitté avec amertume leur lieu de naissance, auquel ils s’attachaient avec beaucoup d’amour et d’affection.
Ce lieu tant aimé avec un amour indescriptible n’est autre que la ville de Mazagan, capitale de Doukkala, qu ils ont quitté avec beaucoup de regret, laissant derrière eux des souvenirs nostalgiques, amoureusement gardés et soignés par bon nombre parmi eux; ces souvenirs nostalgiques resteront gravés a jamais dans la mémoire des vrais Mazaganais, toute confession confondue.
Suite a ces départs a br»le-pourpoint de la population juive Mazaganaise, beaucoup de gens ont été interloqués. Cette communauté connue de son indéfectible attachement a la ville de leurs ancêtres, par son fervent amour aux festivités et a sa forte consommation de « Mahia », des légumes, poissons, poulets,etc, a été a l’origine de la mise en très mauvaise posture de l’économie de la ville, car c’était elle qui animait « Souk Lakdim » toutes les matinées des jours de la semaine, hormis le samedi jour sacré et jour de méditation chez les juifs, pendant lequel il est prohibé par la « Torah » (enseignement divin transmis par Moïse considéré par l’Islam comme un livre ayant subi des modifications portant sur la négation de l’avènement de notre Illustre Prophète Sidna Mohammed), de faire du marché, ou d’allumer du feu chez soi pour cuisiner
Il convient de rappeler avec force que les deux communautés Juive et Musulmane, vivaient avant ce soulèvement, en totale harmonie et bonne entente, au point que les Juifs ont :
1/- partagé le bon voisinage des Musulmans dans de nombreux quartiers populaires de la ville comme R jila, Place Moulay Hassan, jardin Mershane, derb mershane, derb Berq leyl, Rouguiya, derb Lahlali, derb Ben Driss et j en passe ;
2/- fréquenté assid»ment, toujours bien évidemment l’arme au pied, au même titre que les Musulmans, mais en tant qu habiles commerçants, les Souks hebdomadaires les plus réputés dans la Doukkala : Ouled Frej, Ouled Bouaziz, Zmamra, Sidi Bennour, Tnin chtouka, Bir Jdidetc…
3/- partagé l’utilisation des mêmes :
3/-1)Fernatchi qui est une sorte de four sous terrain, servant a, chauffer le Hammam, faire cuir s’khina le vendredi soir et nuit, pour être mangé le samedi : plat favori le samedi chez les juifs ;
3/-2) Ferrane (four) servant a faire cuire le pain et les gâteaux ;
3/-3)Hammam Mellah, Hammam Lihoud tout près du jardin Mershane, et Hammam R jila,etc
Commentaire(s) et suggestion(s) seront les bienvenues.
Bonne lecture et a bientôt pour la suite n°3 !
Elmostafa ABDOUSS
Eljadida .com
