Pour feu Abdeslam Mdhoum ou Quand le violon chante le requiem de son maitre

Composer une chanson ou une musique n’est certes pas une tache facile, c’est le fruit d’un vécu, l’incarnation d’un sentiment, un vœu ou une douleur. c’est aussi un langage, un signe qu on aime transmettre, partager et immortaliser.

Pour feu ABDESLAM MEDHOUM, ce fut la vraie vie; De jour, il était chauffeur de taxi, il compose dans le temps et l’espace des tons au rythme des rues et boulevards, le soir, raconte l’un de ses admirateurs: “Hypnotises, nous concentrions l’ouïe et la vue vers une unique personne de l’orchestre: Feu ABDESLAM…” Le rythme s’accentuait s’accélérait, le tempo était prenant, le chanteur nuisait a l’ensemble, pourtant même sec ne suffisant pas a couvrir le charme envoutant de l’écoute attentive de ce violoniste reconverti dans l’alternatif. Ses mains tenant son archer a son épaule, ses doigts agiles, le son qui s’échappe de tout son être a travers son violon.

Feu ABDESLAM offrait aisance et intensité. Il surprenait, tant par sa grande maturité que par ses qualités de caractère qui se répercute indéniablement sur son jeu: finesse de percussion, simplicité, engouement et amour .Tout cela, il le devait a son dévouement; Il a appris; il le savait, et les années d’apprentissage et de connaissance ont fait de lui un virtuose des temps jdidis, les plus beaux. On lui reconnaissait un grand talent en raison de son grand sens mélodique.

“Son caractère, déclare le poète SAID TACHFINI, était un mélange de tendresse et de rudesse, de sensibilité et naïveté, de civilité et mélancolie.”

Feu MEDHOUM confiait a l’un de ses élèves qui lui demandait de lui montrer les secrets de son succès :”La capacité de jouer juste, et celle de produire un son agréable, constituent deux choses difficiles. Quand on y parvient, on est bien avancé, et si vous voulez vous mettre a jouer du violon, vous devez tout d’abord, aimer cet instrument. Il faut savoir qu au début, vous ferez sans doute, des bruits bizarres, et que vous casserez les oreilles de vos proches! A mon avis, insistait Feu ABDESLAM, les deux choses, les plus importantes constituent a persévérer, malgré tout et a trouver un bon professeur, c’est a dire une personne qui vous aidera a surmonter les premières difficultés.”

Mr RIDAY, directeur de la Mawcily Academia et l’un des artistes ayant côtoyé feu ABDESLAM a déclare pour l’occasion: “AH! feu ABDESLAM (que Dieu ai son âme) ce talentueux violoniste a acquit tout au long de son existence, un professionnalisme rare lui permettant de mener une carrière artistique exemplaire. Sa large ouverture d’esprit et son attrait au voyage (il était chauffeur de taxi par excellence) l’ont emmené a gouter une multitude de musiciens qui l’ont aidé par la suite, a se forger une vaste culture musicale” et a Mr RIDAY de conclure: “Marhoum, était l’ un des lauréats de l’ex conservatoire national de musique d’El Jadida (siège de l’actuel 2° arrondissement urbain), il était marie et père de deux enfants, il a participé a plusieurs festivals de musique dont Angham et a joue au cote de feu Said Skouma, Khyari et d’autres artistes, il a aussi composé la musique de chansons dont celle de Said Tachfini” avant de taire en 2007.

Son violon chantera son requiem le vendredi 11 Juillet 2008 a partir de 20h lors de la soirée organisée en son hommage, au théâtre municipal d’El Jadida par l’association Alkarama, l’association Rencontre des Cultures et le Conservatoire Al Moustakbal de Musique sous le thème: “ARTISTE DANS LE CUR ET DANS LA CONSCIENCE”.

N est ce pas un épitaphe a la hauteur de feu Abdeslam Madhoum?

M. Benazzouz
Eljadida.com

Auteur/autrice