La Tara, genre d’acacia, provient du Pérou. Elle fait actuellement l’objet d’un intérêt grandissant pour ses multiples utilisations (tannerie, pharmacologie, cosmétologie, alimentation) a tel point que la demande sur les marchés en est maintenant supérieure a la production. Au Pérou on le surnomme d’ailleurs «l or vert des Incas».
Mais ce qu on ignore c’est que cet arbre était cultivé pendant une trentaine d’années dans la province d’El Jadida. Dans mon livre intitulé «Une vie de colon a Mazagan» paru en 2012 dans la série les cahiers d’El Jadida, j ai parlé de l’expérience des Suisses qui cultivaient cet arbuscule en Doukkala et l’expédiaient a Fès pour les besoins des tanneries.
Cette expérience commença quand les actionnaires de la Société Agricole des Doukkala ont été séduits par le rêve d’un agronome suisse, Jean Cérésole, qui a rapporté d’un voyage au Pérou des graines du Tara. Cet acacia produit des gousses d’une forte teneur en tanin, utilisé en particulier pour le tannage de peaux fines. Jean Cérésole devint gérant de la ferme de la société a Béni-Hellal. Il recruta un autre de ses compatriotes, Arthur Wyss, qui deviendra a son tour gérant.
La société prospéra pendant une trentaine d’années et monta même une usine qui a permis de faire mécaniquement le broyage des gousses, la séparation des graines et de la poudre et enfin l’ensachage de la poudre de tanin.
Mais la société fut dissoute en 1960, alors que près d’un quart de million d’arbres de taras, semés et transplantés un a un, avaient poussé dans cette région des Doukkala, très aride a l’époque.
Conscient de la richesse écologique que représentaient ses milliers d’arbres, le gérant Arthur Wyss a fait une tentative pour sauver cette culture venue du Pérou. Il écrira au Gouvernement Marocain pour lui proposer d’acquérir la ferme de Béni-Hellal. Mais en vain. l’exploitation a été vendue en parcelles. Quelques mois plus tard, il n’y avait plus aucun arbre. Ils avaient été réduits en bois pour la cuisson ou le chauffage.
Pour plus de détails, voir l’ouvrage «Une vie de colon a Mazagan», disponible a El Jadida (librairie Amal), Casablanca (Carrefour des livres) et Rabat (librairie Agdal) ou en contactant l’auteur par mail: [email protected]
Mustapha Jmahri
Eljadida.com