Ramadan a El jadida : Une ambiance pas comme les autres

L une avant le ftour et la seconde celle qui s’étend de la rupture du je»ne jusqu a parfois des heures indues de la nuit. Le mois sacré du ramadan, cette année a El Jadida, n’a pas été, pour ainsi dire, différent des années précédentes. Dès, les premiers jours, comme il est d’usage, les prix des fruits et légumes, des viandes et quelques produits et denrées alimentaires de première nécessité ont grimpé. La flambée des prix a même été considérable, le premier jour et on aurait dit une complicité tacite entre commerçants et consommateurs. Les uns en garnissant de fort belle manière leurs étals et les autres en donnant libre cours a des fantaisies, devenant subitement frénétiques. Rien n’est épargné, il est même émouvant de voir ces grappes humaines s’agglutiner devant les vitrines.

Au centre-ville, quartier Essafaâ, marché Bir Brahim et Sâada, de midi a une heure du matin, les vendeurs a la sauvette et ceux a la charrette squattent tous les trottoirs et les rues leurs marchandises tandis que les délinquants et les repris de justice, aux aguets, ont les yeux fureteurs a la recherche d’une poche, d’un sac ou d’un portable «facile» a voler.

Une situation qui en dit long sur la gestion locale de la ville et qui a aggravé davantage le manque de sécurité des personnes. Ainsi, on assiste impuissamment et quotidiennement a des « guerres de territoires» entre des gangs d’une autre ère. d’autre part, la mine que font les je»neurs, aux premières heures de la journée, renseigne, sans risque de se tromper, sur les heures de veille.

Il y a d’un côté ceux qui dorment tôt, reconnaissables a leur fraîcheur physique et leur présence d’esprit et de l’autre les noctambules qui, en bâillant, traînent dès le matin des yeux tout rouges par manque de sommeil. Il est de notoriété que durant le mois de carême, la productivité diminue, les dépenses s’accroissent et les femmes redécouvrent l’art culinaire. Les nerfs sont a fleur de peau et le carême a bon dos. Durant ce mois également, si on n’est pas acheteur, on est forcément vendeur. Ainsi, la journée de ramadan commence au ralenti le matin et amorce un début d’animation le soir immédiatement après la rupture du je»ne, c’est la déferlante vers les grandes artères de la ville.

La table du ftour (rupture du je»ne) chez les Jdidis et dans toute la région de Doukkala, qui baigne dans la pure tradition marocaine, se compose de la fameuse soupe marocaine (harira), les dattes, mkharka, chabbakia, briouates, sfouf, baghrir, thé aromatisé sans oublier les délicieux plats de poissons.

Après le ftour, les mosquées se remplissent de fidèles, les cafés regorgent d’amateurs de cartes et de dominos et les espaces s’avèrent trop exigus pour contenir tout ce beau monde. Quant a la cité portugaise, elle vibre chaque nuit, après les Taraouihs, au rythme de la musique spirituelle (Issawa, Hmadcha, Gnaoua). Vers deux heures du matin, le tambourineur passe dans les rues et les ruelles afin de réveiller les habitants pour prendre le sehor et aller faire la prière d’Al-Fajr.

Lueurs d’espoirs

Durant le ramadan, également, le malaise se fait de plus en plus sentir parmi la population dont le pouvoir d’achat enregistre une baisse considérable. Mais chez les démunis, l’inquiétude et la peur deviennent le principal support de toutes les maigres dépenses. Se contenter d’une harira et d’un bout de pain ne traduit point la belle vie. Par conséquent, les antennes des mécènes, où qu elles soient a travers le territoire de la capitale des Doukkala, sont les lueurs d’espoir sur lesquelles les regards des démunis sont braqués.

Cependant cette année, le ramadan coïncide avec les rigueurs de la rentrée scolaire, ce qui rendra difficile la vie de bons nombres de Doukkalis, vu la flambée des prix et les factures trop salées de l’électricité et de l’eau potable. Chaque ramadan et chaque mois, le Jdidi moyen, avec ces factures exagérées, se trouve dans une situation pire que celle qui l’a précédée et supporte péniblement les rigueurs de la vie. Pourtant, les Doukkalis ont toujours cette lueur d’espoir: le réveil des consciences. Ils souhaitent aussi que les autorités provinciales et locales, les services concernés et le conseil municipal accomplissent leurs devoirs en leurs âmes et consciences.

Abdelmajid Nejdi
Le Matin

Auteur/autrice