Rendre la ville agréable a vivre

La province d’El Jadida a connu, ces dernières années, un développement économique considérable. La ville n’émergea comme pôle industriel qu a partir 1998, surtout avec la construction du port de Jorf Lasfar, considéré comme le plus grand port d’Afrique ; le complexe chimique Maroc Phosphore 3 et 4 ; les industries de transformation ; la zone industrielle d’El Jadida ; le parc industriel de Jorf ; l’autoroute Casablanca-El Jadida et le grand complexe touristique de la baie d’El Haouzia.

D autres projets d’infrastructures d’accueil vont permettre d’agrémenter la ville d’El Jadida comme l’aménagement de la corniche, la réhabilitation de la place Hansali, l’éclairage de la plage, l’étude du port de plaisance On pourrait multiplier a souhait des exemples qui illustrent le changement, mais ce n’est pas l’objectif de notre billet.

Nous avons préféré mettre le doigt sur ce qui, a notre avis, reste a faire. Car des efforts incommensurables ont été fournis pour rendre la ville moderne a l’horizon 2010. Il n’en demeure pas moins vrai qu il reste encore quelques zones d’ombre, qui méritent aussi notre attention et qu il serait malhonnête de passer sous silence :
– l’abandon injustifié du complexe commercial « El Kelaâ » où des centaines de milliers de dirhams ont été dilapidés inutilement ;
– Un complexe culturel en stand by depuis une décennie;
– La culture n’a pas encore droit de cité a El Jadida et peu d’efforts ont été entrepris pour encourager les associations culturelles ;
– La bibliothèque municipale n’est pas suffisamment bien garnie et ne répond pas au go»t du grand public et des étudiants ;
– Le projet de la médiathèque reste dans les oubliettes
Par ailleurs, rendre la ville agréable a vivre est le fruit de la municipalité.
Ce cadre de vie doit revêtir un aspect fonctionnel ; chaque quartier résidentiel (Hay Salam, Koudia, Mouilha, Saâda) doit disposer de ses propres infrastructures, de services nécessaires, publics et privés.

La protection de l’environnement et l’aménagement d’espaces verts incombent a la ville qui doit aménager, veiller sur la propreté et éradiquer des poches de pollution que l’on voit souvent (cas du complexe d’El Kelaâ).

Enfin, le rôle culturel et artistique de la ville n’est plus a démontrer : une ville qui mérite ce nom se doit d’avoir des salles de cinéma, des théâtres de quartiers, des troupes musicales et théâtrales, des salles d’exposition, des salles de spectacles

Le rêve est bien beau, mais la réalité est autre.
Les réalités de la ville font l’objet de notre appel afin que tout le monde soit conscient de la gravité de la situation, en vue d’apporter un brin de solution a ces problèmes

Le marché central a l’agonie

Le thème servirait incontestablement de scénario pour un film de fiction ou de toile de fond pour une histoire a dormir debout.
Le conte pourrait débuter comme cela : « Il était une fois a El Jadida un marché central » Ah ! J ai oublié : Savez-vous que la ville d’El Jadida possédait un marché central? S»rement non. Et pourtant c’est la pure vérité. Il était l’un des plus beaux marchés du Royaume, un R+1, construit le 1er mai 1932 par l’architecte M. Grel.

Jusqu a 1964, l’activité était a son comble, puis rien. Le marché a été totalement «éclipsé » et les occupants ont d» chercher ailleurs.
Avez-vous déja vu un marché mort ou un semblant de début d’apocalypse ? Il faut aller a El Jadida pour s’en rendre compte. Une terrible image de désolation vous y attend.

Abandonné a la merci des intempéries et a la dégradation totale, ce lieu public agonise et le rez-de-chaussée est un vrai dépotoir. Ce spectacle constitue un véritable calvaire pour les (quelques) marchands et les habitants. Il semble qu il ne dérange personne ! Ce patrimoine historique s’est délabré dans l’indifférence, depuis les années 1964.

Pas l’ombre d’un plan de réhabilitation sachant qu il ne faut pas compter sur la municipalité, celle-ci ignorant peut-être l’existence de ce marché.

Comment une telle image de désolation a t-elle pu s’imposer, alors qu il existe un projet de développement de la baie d’El Haouzia dans le cadre du plan Azur qui affiche des objectifs ambitieux a l’horizon 2010 ? Que font les décideurs ?

De toute évidence, ces derniers sont enfermés dans leurs tours d’ivoire, indifférents au sort réservé a la ville et sont dans l’incapacité d’envisager une quelconque alternative

Elmostafa Lekhiar
LE MATIN

Auteur/autrice