Chaque cheveu blanc’est en soi un roman.
On comprend pourquoi on porte un turban,
La couleur la plus admise étant le blanc,
Insigne de pur-sang et dignité de haut rang.
Depuis voila bientôt soixante sept ans,
J ouvre tous les jours le même roman,
Sans savoir pourquoi, ni comment, ni quand,
Je le rangerai et le paierai au comptant.
Pendant des années aussi, devant un écran,
Je baratte des idées a tout vent, tout plan,
Avançant d’un cran au rythme de l’autan
Réchauffant l’étang berçant mon élan.
Travail de Titan, voila un pan du bilan.
Mes écrits ne seront jamais le doux flan
Au chocolat blanc ni le faisan au parmesan,
Mais un ban sans être fier comme Artaban.
Autant larguer son venin sur un banc,
Autant être sève et veine du clan,
Autant mijoter a coup s»r un bon plan,
Avant de coucher le tout noir sur blanc.
A mesure que les cheveux deviennent blancs,
Le pognon s’efface devant le trognon.
Un patriarche vaut maints et maints romans :
Un vieux canif n’épluche-t-il pas l’oignon ?
Les cheveux blancs cachent-ils des romans ?
Le roman est-il la cause de cheveux blancs ?
Plus rien ne tourne rond quand on fait chou blanc
Et les reculons ne siéent qu aux poltrons au ban.
Quand on ne craint ni caïmans ni varans
Quand on est libre comme un cardan,
De but en blanc indépendant du moindre carcan,
On peut manger tranquillement son pain blanc.
Moussa Ettalibi, Dr Sci., Rabat le 10 aout 2010
En souvenir d’un mardi 10 aout 1943.
Moussa Ettalibi, Dr Sci.
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