Selon les Comités Provinciaux de l’INDH d’El Jadida et de Safi lors du salon régional de l’économie sociale et solidaire, tenu a El Jadida du 10 au 13 décembre courant, on a fait le bilan des projets réalisés ; Un bilan très mitigé.. On peut le résumer autour des maigres résultats suivants, en comparaison avec ceux des autres Régions :
Pour la province d’El Jadida, le nombre de projets programmés pour la période 2005-2009 a été (en 5 ans) seulement de 285 projets pour un montant global ne dépassant pas 212.729.970 DH, Les projets étaient répartis en :
– 63 projets relatifs a la lutte contre la précarité,
– 165 projets relatifs au programme transversal
– 41 projets relatifs au développement en milieu rural
– 40 projets relatifs au développement en milieu urbain
Comparée a la Province de Safi, El Jadida parait avoir été le parent pauvre des financements de l’INDH au niveau régional. En effet, l’INDH a contribué pour 182.050.000 DH au profit de la Province de Safi, contre seulement 88.222.534 DH pour la Province d’El Jadida (48%).
Par rapport a des Provinces de niveau de développement similaire, la part de la Province d’El Jadida dans les financements de l’INDH est insignifiante. La Province Ouarzazate par exemple a bénéficié dans le cadre de l’INDH, et seulement en 3 ans, de plus de 107 millions DH (6,9 millions DH en 2005; 58,6 millions DH en 2006 et plus de 42 millions DH en 2007) pour 415 projets.
Pourquoi cette maigre part revenant aux populations des Doukkalas, aussi bien dans la Région que par rapport aux Provinces d’autres Régions? Est-ce une stratégie délibérée de marginalisation, tracée par les instances de l’INDH. ? Ou est-ce le mauvais sort ou la conséquence d’un fatalisme ? Ou tout simplement , est-ce la conséquence d’une absence de forces de proposition au niveau local ?
Soyons claires et disons, sans fioritures ni ambages, que nous méritons le maigre palmarès dans le processus de développement humain déclenché par l’INDH. En effet, et comme son nom l’indique, l’Initiative Nationale de Développement Humain est fondée sur « l’INIATIVE », déclenchée par des forces dynamiques au niveau local ; et « Le PARTENARIAT » (Public -Privé – ONGs).
Pour être des forces de Proposition (et non seulement de lamentation et de critique ), les forces locales doivent être a l’écoute des populations locales, diagnostiquer la situation économique et sociale, identifier les manques, monter des projets , scruter les partenaires potentiels et mobiliser les énergies. Or les édiles locaux (les élus) de Sidi Bennour semblent être marqués par la résignation. Les autorités locales semblent se complaire dans l’indifférence. La population quant a elle, elle se caractérise par l’attentisme et la résignation (pour preuve, le taux d’abstention très élevé lors des dernières élections). On est persuadé que si ça ne va pas, c’est la faute des autres qui ne veulent rien faire pour nous. Selon une étude menée par l’ INDH, pour la majorité des élus locaux de la Région, c’est a l’INDH de monter les chainiers de développement, les financer et suivre leur mise en œuvre.
Sidi Bennour souffre de plusieurs déficits qui entravent son décollage socio-économique (absence d’infrastructures de base (culturelles, sportives, sociales, scolaires, routières, etc) . Avec l’axe autoroutier direct Casablanca -Marrakech via Settat, et bientôt un autre d’El Jadida vers Agadir, la route nationale EL Jadida – Marrakech via Sidi Bennour est réduite en une simple toile d’accès vers les souks de la Région.
L’aménagement urbain sans harmonie donne de la « ville » un aspect désolant. Les habitants des communes rurales qui s’installent dans la « Villes » restent fidèles a leurs modes de vie rural (des garages pour l’élevage des animaux, les charrettes et les chevaux pour le transport, et les chiens pour la garde). Ils squattent, avec la complicité des élus et des autorités locales, les alentours de Sidi Bennour dans de tristes baraques en guise d’habitations. Ces tristes quartiers dortoirs, taudis de pauvreté, déversent chaque matin des cohortes d’hommes et femmes, des laissés pour compte, en quête de moyens de subsistance ( marchands ambulants avec charrettes, enfants cireurs, ouvriers agricoles, mendiants, chiens errants, etc).
Sa Majesté a fait de 2009, l’année de lancement d’un Programme National de sauvegarde de l’environnement. l’environnement de Sidi Bennour connait une dégradation systématique et continue (émanation des usines, dépôt d’ordures a ciel ouvert, écoulement des eaux usées a ciel ouvert, réduction des espaces verts, rues boueuses et crasseuses, etc), Les espaces verts naturels qui ceinturaient Sidi Bennour, en l’occurrence Jardate Al Hakm, Jananate Sidi Bouskaoual, Jananate Lkaria, Jananate Latatra et autres îlots de verdure , ont été remplacés par les bidonvilles (Douar Al Karia, Douar Bel Fatmi, Douar Lhakem, etc), soit 2239 baraques selon les statistiques officielles de 2004 et que les responsables avaient promis d’éradiquer en 2007 dans le cadre du Programme VSB . Les baraques non seulement non pas disparues, mais elles se sont multipliées depuis lors.
Il était normal que les populations fassent les frais de ces déficits (chômage, analphabétisme, déperdition scolaire, et autres tares socio-économiques dont la Région enregistre les scores les plus élevés selon les statistiques officiels. Ce sont ces maux la, que SM Le Roi a proposé l’éradication par le bais de l’INDH, a savoir comme dit SM Le Roi ” …La lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales en vue d’assurer une meilleure distribution des fruits de la croissance et d’améliorer les conditions de vie des citoyens. d’où l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) dans le cadre d’une approche volontariste, et partenariale » . Il n’ya pas de plus claire. Les régions du sud et du nord du Maroc, qui ont saisi le message Royal, ont su tirer profit de cette opportunité pour booster le développement humain de leurs habitants. Par contre notre Région, et plus particulièrement la Province d’El Jadida, laisse passer une autre occasion.
Les responsables du Programme de l’INDH soutiennent que c’est la faute des élus et ONGs qui manquent d’idées, d’Initiatives, de forces de proposition. l’Association des Amis de Sidi Bennour et Région (ASBR), composée de cadres Bennouris de la diaspora au Maroc et a l’étranger, a essayé de prendre de prendre l’initiative. Elle a monté quelques projets de développement susceptibles de profiter des partenariats de l’INDH, des autorités locales, provinciales et régionales. Pour le montage de ces projets, on a essayé de trouver chez les autorités locales des fiches monographiques sur Sidi Bennour, des banques d’idées ou des banques de projets. Le vide total.
Devant l’indifférence, voire le blocage des édiles locaux qui , voyaient dans les acteurs de cette Association des concurrents potentiels, l’ASBR a essayé, avec ses moyens propres modestes, de déclencher une mobilisation des populations locales par l’animation de projets de développement (Journées Sportives, Journées Culturelles, Equipements de Dar Talib, Dar Taliba, Centre culturel et Maison des Jeunes en moyens informatiques, matériel de cuisine, équipements scolaires, etc ). Toutes ces actions ont été menées dans l’indifférence totale des élus et des autorités locales. Des obstacles même été dressés. On a contacté la Délégation du Ministère des Affaires Culturelles a El Jadida pour s’interroger de l’absence de toute initiative cultuelle a Sidi Bennour.
Ces services se plaignent du manque d’intérêt de la part des responsables. Le Ministère des Affaires Culturelles a Rabat, contacté a son tour pour un éventuel partenariat, nous apprend malheureusement, non sans grande surprise, qu un partenariat tripartite (Ministère, Conseil municipal et Ambassade de France) avait été lancé il y a peu près 5 ans. Il a été annulé parce que les ouvrages transmis de Rabat ont disparus le lendemain du Centre Culturel.
Les PC fournis par notre Association au Centre Culturel ont été entassés en vrac dans une salle inaccessible au public Avec l’ex-Ministre de la Jeunesse et Sport (Nawal Al Moutawakkil) , originaire de Sidi Samail, la promesse a été donnée a notre Association pour le financement de la Construction d’un complexe sportif, a condition que les collectivités locales soient partenaires.
Un dossier a été préparé a cet effet par notre Association et déposé il y a une année aux services de la Province d’ElJadida. Depuis lors, aucune suite. Bref, tout semble être fait pour laisser croupir la population de notre Région dans l’exclusion, la marginalisation, le chômage, l’analphabétisme. Il est normal donc que la manne de l’INDH profite aux régions dynamiques. Il est également normal que le bilan de l’INDH soit aussi maigre dans notre Région.
A bon entendeur, salut. Ne vous contentez pas de lire ce texte. J attends vos réactions, vos suggestions et vos critiques.
Abderrazak MAZINI
Eljadida.com