A l’occasion du 13ème Printemps des Poètes, l’AFM d’El Jadida a accueilli le jeudi 31 mars a la salle de projection du parc Hassan II, la poétesse Siham BOUHLAL.
Toute de noir vêtue, elle était d’une beauté fatale. Une de ces beautés qui ne cessent de croitre, de s’embellir, au fur et a mesure que le temps s’écoule, pareille a un grand vin du terroir.
D une voix haletante, parfois brisée, comme trahie par l’émotion, par l’intensité des sentiments, du désir ou par les méandres ténébreux de la déception, la diva chuchote ou crie chaque syllabe, chaque mot, chaque vers au gré de ses déceptions et de ses joies.
Paupières dilatées, regard absent, elle semble nous abandonner par intermittence, comme pour aller planer sur un tapis volant auprès de son être cher. Aller se blottir dans ses bras et trouver refuge ; entrer au contact de son corps et trouver chaleur ; s’accrocher a ses lèvres et gouter a un début d’osmose.
Guettant la fraicheur de chacun de ses mots, le parfum de son souffle, le timbre de sa voix, Lui cet Air qu elle respire ; Lui cet Eau dont elle s’abreuve ; Lui ce Feu, au loin de qui, ses braises, ses angoisse finissent par la consommer l’anéantir.
D un charisme et d’une beauté rares, d’une présence sur scène qui focalise toutes les attentions, elle lit d’une voix sensuelle, qu elle veut sensuelle, qu on trouve sensuelle ; une de ces voix qui vous chantent l’Amour, font hymne a l’amour, sont l’Amour.
Puis pareille a une prisonnière qu on enchaine au seuil du summum d’un Amour tant miroité, elle se débat de toutes ses forces, insatiable, inconsolable, vomissant a mort toute l’étendue de son calvaire, de sa tristesse, de ses peines et de l’injustice du sort.
C était trop d’émotions pour un soir, trop pour une assistance vite séduite et envo»tée, pour une assistance contaminée par cette contagieuse maladie d’amour qu elle portait et arrivait a lui transmettre sans grande peine, aidée en cela par son charisme, la beauté de sa voix, le ton dosé de ses mots, l’élégance de ses gestes, la sculpture de son corpset la profondeur de ses poèmes.
Siham BOUHLAL est née a Casablanca dans une famille originaire de Fès. Partie étudier en France, elle obtient un doctorat en littérature a l’université Paris- Sorbonne et se consacre a la traduction de textes médiévaux ou la société raffinée de Bagdad au Xème siècle.
-Connaissances de l’Orient (Gallimard 2004) et de poésie arabe classique et moderne.
Son premier recueil Poème bleus est paru en février 2005, le second Songes d’une nuit berbère ou la Tombe d’épines est paru en 2007. Depuis, d’autres ont suivi, notamment Corps lumière, Mort a vif, ou encore le tout dernier pour fin 2010 Etreintes, Princesse Amazigh (2009) est le premier récit de Siham ,d amour et de nostalgie qui l’inspirent et elle ne s’en cache pas. Actuellement, elle vit en France, tout en maintenant une pleine présence dans le paysage culturel marocain.
Questionnée a propos de la culture, BOUHLAL déclara « Une langue véridique vaut mieux que bien dépensé ou laissé en héritage », disait Abù BAKR.
Justesse de l’émotion, vrai de l’écriture et nous serons traverses par les mots d’un poète d’une autre langue, comme nous serions bouleversés par les mains ouvrières et obstinées d’une noueuse de tapis berbère. c’est ce qui donne des yeux pour regarder briller en chaque être rencontré, cette part de vérité, essentielle a notre existence. Qui peut contenir toute la vérité ? La culture. c’est briser les vers a l’hypocrisie et l’arrogance qui rongent le monde. »
Contributions publiées dans le journal hebdomadaire n°_363 et 381(2008-2009)
L’espace d’un soir, Siham a été fidèle a son image habituelle : Rayonnante.
Sa production devant ce public d’El Jadida, revêtait une connotation très particulière pour elle. Ce sont les souvenirs d’une enfance joyeuse dans les rues de la médina qui reviennent en cascade lui rappeler tous les charmes de cette ville qui inspire l’amour, car faite d’amour et de tolérance entre musulmans, chrétiens et juifs.
Ville des couleurs et des odeurs: l’iode d’une mer si proche, de son sel balloté par les vagues, des fritures de poisson, des ses sardines grillées, de son air marin, du brouhaha des marins les jours de grandes prises et qu on n’avait qu a fermer les yeux pour se représenter cette odeur qui s’en dégage. Ville d’exotisme, ville d’Amour.
« Poèmes bleus est une suite de stances évoquant un amour aux confins de la folie. On sort de cette lecture ému et troublé. La tradition de l’exaltation amoureuse proclamée comme un défi a la raison trouve dans Poèmes bleus écho et un rangement convaincant ».
Salim JAY, a propos de Siham BOUHLAL Dictionnaire des écrivains marocains
Ce 13ème printemps des poètes a fleuri les allées et les ruelles de notre charmante petite ville El Jadida!
L’odeur des balades et des épopées se propage dans la ville, laissant un air de fête sur son passage.
Rêves enchantés des jardins romantiques, Spinny, MohammedV, où le merveilleux suit le fantastique. Nous nous sommes laissés entrainer derrière Siham BOUHLAL, dans ce songe féerique qu est le monde lyrique.
Siham a été accompagné lors de son récital par HAFDI au Hajhouj et Ben DEGGHA a la guitare électrique.
Parmi les œuvres de Siham BOUHLAL
– Princesse Amazigh (2009) Al- Manar, Récits et nouvelles
– Princesse Amazigh est le premier récit de Siham BOUHLAL, tissé de souvenir d’enfance, de réflexions sur l’amour, sur rapports entre les hommes et les femmes, la religion
– Mort a vif (2010)
– Al-Manar, poésie du Maghreb – 108 p
– Mort a vif est un recueil de poésie où l’auteure replonge dans les souvenirs qui ont tissé sa vie avec son compagnon (Feu Ahmed BenZEKRI) décédé il y a quatre ans.
Abdellah HANBALI
L’Opinion