Site Lamjahed

L khadir Nabidi, ex responsable du M nar de Sidi Mesbah, aujourd hui a la retraite, est le prototype exact de ce qu on peut appeler « Oueld Leblad ». Aussi loin qu il peut se rappeler, ses ancêtres ont tous et sans la moindre exception habité la région, jusqu a la fin de leurs jours.

Partant du principe que l’histoire du Maroc en particulier et des Arabes en général, englobe beaucoup d’approximation, au vu d’une coutume ancestrale basée, sur l’oral et de certains pseudos- historiens plus lèche- bottes, qu autre chose. Nous avons été néanmoins surpris de constater que jusqu a présent, les seuls qui ont écrit sur Lam jahdine un peu partout, sont des personnes étrangères a notre pays.

Du coup une question s’impose : sommes nous a ce point incapables de faire connaître et valoriser notre histoire et nos sites par nous même?

Nous n’avons rien contre le fait que des « personnes étrangères » écrivent sur notre histoire, mais nous avons plutôt honte, autant pour certains volets de notre histoire que pour nos « historiens », qu elles en soient parfois les seules.

Ce site fut élevé, d’après certains écrits, par le célébrissime Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah (1755-1790). Il servait avant tout de base avancée pour des offensives contre les portugais installés a Azemmour et a El Jadida
l’khadir Nabidi, notre « histoire vivante » aujourd hui, homme a la retraite, soutient dur comme fer, qu au vu de ses propres calculs qui reposent sur les dires de ses propres ancêtres, le site remonte a encore plus loin dans l’histoire.

Entre 1768-1769 le site a connu la venue historique, du Sultan et d’autres Moujahidines qui y sont restés durant plusieurs mois. . Cet intellectuel considéré comme le père de la diplomatie marocaine, était aussi le 1er leader a avoir reconnu l’indépendance des Etats-Unis.

LE RENDEZ-VOUS INCONTOURNABLE DES R MA

Ce site n’a jamais été délaissé après le départ des portugais de la région. c’était devenu un haut lieu de culture, la Mecque des R MA (Aabidate R ma). Ils venaient de partout et a des dates précises pour organiser des fêtes inoubliables. Des fêtes dont les échos sont restés ancrés a ce jour dans la mémoire de la population locale.

Mais la plus belle fête de toutes et la plus grande aussi, était celle organisée la veille de l’ouverture du Moussem de Moulay Abdellah, relayé a son tour par le Moussem de Sidi Moussa (aujourd hui souk Al Hamra ). c’était une grande soirée de chants et de danses (LILA). Elle portait le nom de ZERDA, par référence a tous ces plats (surtout du couscous, terda) que les familles des alentours,Gharbia (derrière Douar Ettagine) Lakrarma,Nouasra (autour du site ) et un peu plus loin Laghnadra (au niveau du premier pont assurant le passage du train ), venaient offrir ou partager avec les R MA .C était devenu un véritable Moussem, avec sa fantasia et ses habitudes propres. Des habitudes qui avaient surtout l’avantage, de ne pas laisser les lieux se déserter.

c’est plutôt le manque d’entretien des lieux, de leurs restaurations qui sonna le glas du site

Parler du site, c’est aussi parler du saint Sidi Mesbah. Et comme tout saint qui se respecte, du cimetière qui était dans les alentours Un cimetière peuplé étrangement et en grande majorité d’enfants !!!

De nombreux habitants se plaignent de ne pouvoir visiter les membres de leurs familles enterrés dans ce cimetière, a cause de la clôture mise dernièrement en place par le service des travaux publiques, autour du saint Sidi Mesbah, du M nar du même nom, du cimetières et d’une grande partie de la forêt environnante. Cette clôture qui a co»té une petite fortune et qui les empêche aujourd hui de visiter leurs morts, aurait mieux servi d’après la population locale a restaurer une partie du site.

L’ETAT DU SITE EST UNE INSULTE NOTRE CULTURE

Il y a une quarantaine d’année, le gouverneur Mr El Ouazzani, avait visiter le ribat et y a inaugurer une statue représentant un moujahid, épée en main. c’était une façon comme une autre, de rendre enfin hommage aux moudjahiddines de l’époque. Cette visite a aussi permis une petite restauration du chemin menant au ribat (le tout n’est aujourd hui qu un tas de ruines).

Mais depuis, ce lieu est livré incompréhensible ment a lui-même et aux aléas du temps. c’est un lieu dont un archéologue de la délégation régionale de la « culture » avait dit pourtant qu il a une vue intérieure, un univers extra muros et un arrière pays ou l’on trouvera SUREMENT un jour du matériel archéologique IMPORTANT.

Or, lors de la visite de l’équipe d’Ahdate Doukkalia, sur les lieux, des trous énormes ont été creusés partout. c’était vraiment lugubre et effrayant. Notre « guide », un jeune de la région prénommé Smail nous expliqua qu il s’agissait de « signatures »laissées après le départ de certains fquihs, des « Souassa » qui viennent creuser ici a la quête d’ éventuels trésors « KH ZAYNEs ».

Quant au tunnel de Sidi Messiab, une sorte de sous sol du site, personne ne sait aujourd hui ce qu il avait contenu, ni ce qu il contient encore quelque part dans ses entrailles. !

Au milieu de la place, des poutres a moitié cassées constituent les vestiges de ce qui était jadis une Mosquée .A coté de cet ancien lieu de culte, des détritus ont été versés honteusement et sans vergogne par la compagnie des autoroutes . Autoroute qui a happé, bouffé une grande partie du site, des composants et annexes du ribat, dans un mutisme et un je m en foutisme collectif quasi hallucinant..

Pour les non initiés, qui désirent constater le massacre de visus : ce site est a quelques centaines de mètres du premier péage sur l’autoroute. A votre gauche, quand vous roulez vers Casablanca.

Un haut responsable de la délégation culturelle régionale, chargé de la sauvegarde des sites régionaux, expliqua le massacre par le fait que l’ADM n’a pas contacté les services culturels en place au moment de la destruction

Seulement un site d’une telle importance, il n’appartient a notre sens, ni a l’ADM, qui n’en a pas sur lui un droit de vie ou de mort, ni aux travaux publiques, ni a Sidi Zekri. Il appartient avant tout aux citoyens contemporains et aux générations futures, qui en sont responsables Et en tant que « professionnels » et au courant du massacre longtemps avant qu il ne puisse avoir lieu, n’avait il pas le devoir d’ ameuter l’opinion publique alors qu il était encore temps. Alerter les ONG, les « Qulad Lablad » hauts placés et tout ceux qui sont capables d’empêcher que de tels massacres puissent voir le jour de façon si gratuite, si sadique et si inconsciente (Feu Arsalane avait bien empêcher un ex gouverneur zélé de détruire toutes les cabines de la plage il y a de cela quelques années déja pour y mettre a la placeune route). Rien de tout cela n’a été fait par la délégation de la culture a El Jadida. Ils ont préféré rester dans leurs bureaux, attendant que ce soit les démolisseurs, sans foi, sans âme patriotique, sans véritables lois capables de les faire passer devant les tribunaux, qui viennent d’eux même les voir, pour leur demander conseil, ou un passe droit !!!

La véritable mission d’un archéologue au sein de la délégation de culture, n’est elle pas avant tout de sauvegarder ces sites et de se battre pour atteindre son but ? Pour cela, on doit posséder quelque chose appelé PASSION.

Doivent ils se contenter du seul travail de bureau, eux qui sont des hommes de terrains ?

A quoi sert il, une fois que c’est trop tard et que notre histoire est détruite a jamais de venir nous dire , que ce site mérite un intérêt particulier, a l’instar de la place du 09 avril a Tanger, le site des Trois Rois, la Mosquée d’AntsérabéQue le ribat est entre autres un haut lieu de l’histoire du Maroc, un monument phare du patrimoine marocain qui n’a rien a envier a la Koutoubia et au Chellah, Bla bla bla bla.Le palabre on n’en a que faire .

LE TEMPS PERDU DOIT ETRE RATTRAPPE AU PLUS VITE

Il y a quelques années le président portugais Mario Suarès, a visité spécialement El Jadida pour s’enquérir de l’état de la cité portugaise et surtout pour y faire un don d’environ 400millions de centimes afin de restaurer ce monument si cher a l’âme des portugais et si précieux a leur histoire.

Notre ministère de la culture, notre délégation régionale se doivent de chercher l’argent la ou il se trouve. Ils doivent trouver des sponsors, le cas échéant, pour financer leurs projets. Ils doivent trimer, suer, ne serait que par amour pour son pays, par fierté patriotique, par PASSION pour le travail qu ils exercent, si passion il y en a encore chez certains. Cela ne sert a rien de continuer a se larmoyer sur la faiblesse des fonds alloués et regarder le temps nous filer entre les doigts.

Aujourd hui, les habitants des alentours du site Lam jahide regardent, les larmes aux yeux, ces tas de ruines. Ils ne peuvent s’empêcher de se rappeler le passé glorieux du ribat. Et ils en souffrent Pour eux ce que subit le site est une réelle catastrophe, une injustice et un crime contre les richesses culturelles de l’humanité toute entière. Le ribat représente l’âme, l’identité, le patrimoine, l’histoire de cette région, c’est une partie des richesses de ce pays .Or, a l’image du TITANIC , ces valeurs culturelles sont entrain de couler au fur et a mesure que « coule » le site RIBAT LAM JAHDINE.. FIEF DE DOUKKALA LAHRAR et témoignage vivant (aujourd hui agonisant) d’un passé glorieux.

Abdellah HANBALI
Ahdate Doukkalia

Auteur/autrice