Une rencontre, trois écrivains : Souad BAHECHAR, Mohamed NEDALI et Fouad LAROUI. Trois écrivains, une femme et deux hommes représentant la nouvelle génération d’auteurs marocains, tous venus a El Jadida sur invitation de l’Université Chouaib Doukkali autour d’un thème original : « La Fabrique du Texte ».
Après le discours de bienvenu situant les trois auteurs dans leur contextes respectifs, l’écrivaine Souad BAHECHAR prend la parole pour nous raconter le cheminement personnel qui l’a versé dans le monde de l’écriture. Son cursus universitaire l’emmène poursuivre des études d’histoire de l’art et d’archéologie a la Sorbonne a Paris en France, avant de s’installer a Tanger où elle dirige le Musée de la Qasba puis une galerie d’art. Et dès sa prime jeunesse elle est habitée par cette quête identitaire qui l’a fait réfléchir sur le sens de la création.
L’écriture, nous dit Souad BAHECHAR, je l’ai commencé en écrivant des nouvelles et puis un jour une nouvelle a grandi, grandi, jusqu a devenir mon premier roman. Je préfère écrire tard dans la nuit, très tard, entre 2 et 3 heures du matin, derrière mon bureau, j essaie d’avoir la plus grande spontanéité
Après, elle nous fait entrer dans l’univers de son premier roman : « Ni fleurs ni couronnes », un monde qu elle nous a décrit avec une certaine rage, une vraie passion : histoire tragique d’une jeune fille qui a pris son destin en main a travers une langue fluide, un discours épris de liberté pour la cause de la femme marocaine contemporaine. Le deuxième invité, Mohamed NEDALI est né a TAHANNAOUTE en 1962 au sein d’une famille amazighe paysanne. Il complète sa formation en France par l’obtention d’une licence en Lettres Modernes ainsi qu un diplôme de cycle spécial a la Faculté des Lettres de Nancy II.
Avant d’écrire, nous dit l’auteur de « morceaux de choix », il faut lire, lire beaucoup de livres, Céline, Hemingway, Steinbeck… Moi j ai l’habitude de commencer par un brouillon, je rature puis je reprends, je lis et relis de nouveau jusqu a ce que mon texte arrive a maturité Il n’y a pas de position idéale pour écrire Ecrire, travailler la phrase, écrire d’abord simplement comme un journaliste, ensuite il faut travailler la langue, trouver les mots, et surtout se focaliser, l’imagination et la focalisationTelles sont quelques brides de phrases saisies au vol, témoignage d’un écrivain naissant qui enseigne encore a ce jour au Lycée de TAHANNAOUTE.
Fouad LAROUI, notre troisième et précieux invité a grandi a El Jadida avant de partir a l’étranger. Romancier, nouvelliste, chroniqueur incisif, précis et percutant, écrivain de la nouvelle génération qui jette sur le monde un regard a la fois intelligent et serein .Sur une question posée par un journaliste : pourquoi un livre sur l’islamisme ? Il répond que pour écrire son dernier livre « de l’Islamisme » il a pris une année sabbatique, lisant plus de 300 livres sur le sujet y compris le Saint Coran. Un livre-nécessité qui lui a permis de se démarquer, exprimer son point de vue personnel sur un thème criant d’actualité. IL nous a expliqué qu en Hollande il y a d’un côté les autochtones avec leurs lots de préjugés sur la religion du tueur du petit fils de Van Gogh et de l’autre, les émigrés de confession musulmane dont la majorité est constituée de marocains et de turques, deux communautés aux avis diamétralement opposés, deux mondes en somme. Fouad LAROUI a écrit ce livre pour éviter l’amalgame, il veut faire la part des choses, différencier entre la religion et la foi, toute la problématique est la.
Tarik Boubiya – El Jadida (25 Mai 2007)