Convergence d’idées et d’objectifs. La station Mazagan, qui représente un solide fer de lance du Plan Azur et du tourisme balnéaire dans la province d’El Jadida, est au centre de tous les intérêts, en ces débuts de l’année 2006.
Au moment où Driss Jettou, récemment en tournée dans les pays de l’Amérique centrale, effectuait une visite a la station balnéaire Atlantis, dans l’objectif de s’informer sur ce que sera demain la station de Mazagan, a El Jadida, tous les indicateurs sont au rouge, et la pression a son maximum, afin d’assurer des mesures d’accompagnement dignes de ce mégaprojet, d’une capacité totale de 8500 lits et dont le programme d’aménagement comprend 14 hôtels (4900 lits), 647 villas (3600 lits), deux golfs de 27 trous, des centres d’animation hippique et de thalassothérapie, avec parcs, jardins et centre sportif de haut niveau
A rappeler que la convention de la mise en valeur de cette station balnéaire qui est située a Haouzia, entre El Jadida et Azemmour, et qui entre dans le cadre du Plan Azur, a été signée en juillet 2004, entre le gouvernement et le Consortium maroco-sud-africain Kerzner International. Elle concerne un projet de grande envergure, qui s’étend sur une superficie de 500 Ha, tout au long de la plage de Haouzia, et dont le montant d’investissement est de l’ordre de 5,3 milliards de dirhams, pour les trois phases du projet.
Maintenant, s’il est vrai que la prise de conscience locale, concernant cet événement et ses répercussions positives sur toute la région a été lente a s’installer, dans les milieux jdidis, il n’en demeure pas moins qu aujourd hui et a différents niveaux de responsabilité, la priorité est donnée a la valorisation des deux pôles d’attraction, a savoir El Jadida et Azemmour, qui cadrent le projet de Mazagan, et qui peuvent servir d’arrière-plans d’une importance capitale dans l’accompagnement du projet.
c’est dans ce registre-la que s’effectue la mise a niveau du centre-ville d’El Jadida, dont la première phase s’est orientée vers l’aménagement de la place El Hansali, ainsi que vers les deux grands parcs, qui font de nos jours une belle référence au niveau national, en matière d’espaces verts.
L’éclairage public a été aussi de la partie, tant au niveau du boulevard Mohammed VI et les grandes artères de la ville, que pour la plage, qui s’est dotée de puissants projecteurs sur toute son étendue.
La seconde tranche du réaménagement qui est en cours de réalisation, cible la corniche d’El Jadida, en partant du petit port de pêche, longeant toute la partie plage, et qui sera réservée strictement a des promenades piétonnes et a des plans de verdure.
Du côté de la ville d’Azemmour, c’est la réhabilitation de la vieille médina qui focalise toutes les priorités de l’heure. Le nouveau réaménagement des berges de l’Oued Oum Errabia, et les abords des remparts, en plus de l’ouverture des voies d’accès vers le fleuve, peuvent offrir désormais a cet ancien comptoir carthaginois, une superbe promenade, aux pieds des murailles qui protègent la médina.
Pour ce qui est de la seconde étape de ce programme de réhabilitation déja en cours, et dont les délais de réalisation sont fixés a deux ans, celle-ci concerne l’aménagement des places publiques en plus des circuits touristiques intra-muros, au sein de la vieille médina.
A signaler aussi que côté environnement, de grands progrès ont été observés suite au transfert de la décharge publique, qui faisait état de véritable plaie ouverte au centre d’El Jadida, ainsi que la cession de la collecte des ordures ménagères d’Azemmour au secteur privé.
Un plus en matière environnementale
Toujours dans cette même rubrique environnementale, de plus en plus exigée par le tourisme nouvelle génération, il convient de noter que le secteur de l’assainissement liquide, connaît une amélioration notable, depuis que sa gestion a été prise en charge par la Régie autonome de distribution d’eau et d’électricité a El Jadida (RADEEJ). Cette dernière s’est engagée dans l’amélioration du système de l’assainissement dans toute la ville, tout en veillant a la préservation de l’environnement.
Selon les sources concernées, les premières actions ont été axées sur la réhabilitation et le renforcement des collecteurs des réseaux d’assainissement de la ville basse, avec des campagnes intensives de curages. De même qu on a entamé les travaux de la première tranche d’urgence, issue des recommandations de l’étude de schéma directeur, tels que le recalibrage des collecteurs de la ville basse et la construction de nouveaux déversoirs d’orage, a la place Mohammed V et au boulevard Ennakhil.
Dans la perspective de la période 2006/2010, la régie prévoit la réalisation d’un ambitieux programme dont l’enveloppe budgétaire est de l’ordre de 310 millions de dirhams.
Côté Azemmour, le réseau d’assainissement liquide qui vient d’être pris en charge par la même régie, dans un souci, estime-t-on, prioritaire pour contribuer a la mise a niveau de cette ville, compte tenu de son caractère touristique exceptionnel. La vision futuriste dans cette ville, projette de réaliser un programme ambitieux, qui consiste en la réalisation d’une station d’épuration, en vue de dépolluer l’embouchure de l’Oued Oum Errabia, et dont le co»t est estimé a 40 millions de dirhams, en plus de la réhabilitation du réseau d’assainissement liquide.
Transport: des hauts et des bas
«Le transport reste au centre de toute activité économique et sociale, et ce projet de Mazagan, qui constituera sans nul doute, un levier essentiel d’attractivité et de compétitivité dans la région d’El Jadida, doit passer impérativement par la mise en place d’infrastructures appropriées dans le domaine», a confirmé le directeur provincial de l’équipement et des transports, lors de la récente session du conseil provincial, dont l’un des points a été consacré a la mise a niveau relative aux mesures d’accompagnement du projet Mazagan de Haouzia.
Sur le terrain, ces infrastructures se traduisent par l’achèvement de l’autoroute Casa-El Jadida, en octobre prochain et le dédoublement de la voie ferrée entre Casa et Jorf Lasfar, dont les travaux sont en cours, en plus de la création d’une desserte directe entre la route nationale N°1 et le centre de Haouzia, dont les travaux sont prévus pour 2006.
Mais le revers de la médaille dans le domaine du transport reste tributaire de l’état actuel du parc du transport touristique et de location de voitures qui ne lui permet pas d’être compétitif ni du point de vue qualitatif ni quantitatif.
L’autre lacune concerne directement la gare routière, dont l’emplacement et la capacité d’accueil ne sont plus en mesure d’accompagner un projet aussi important que celui de Mazagan, d’où la nécessité de créer une nouvelle gare routière dans un site approprié, avec des infrastructures modernes et adaptées au développement de la ville.
Formation
Difficile de ne pas remettre en question la donne de la formation professionnelle, face a une telle aubaine, en mesure d’absorber 15.000 postes d’emploi dont 3000 de manière directe.
Dans ce contexte-la, tout l’intérêt est porté sur les circuits de formation en matière de tourisme, d’hôtellerie et de restauration dans la province d’El Jadida.
Selon la direction du Centre de formation professionnelle, le programme de l’année 2006/2007 prend effectivement en considération les changements pressentis, en matière d’offres d’emploi et de demandes en main-d oeuvre qualifiée, surtout dans le secteur du tourisme.
A cet effet, deux projets sont a l’ordre du jour, dont le premier en phase finale, a trait a l’agrandissement de l’Institut de technologie hôtelière et de tourisme, qui disposera d’une capacité d’accueil de 198 stagiaires. Quant au second projet, dont les travaux sont prévus pour mars prochain, il concerne la réalisation sur le sol de la commune de Haouzia, d’un Institut de tourisme pour l’hôtellerie et le tourisme, qui fait appel a un investissement de 14 millions de dirhams, et serait en mesure d’occasionner huit branches de formations diverses, au profit de 250 stagiaires, durant la saison 2006/2007.
L’artisanat local, le maillon faible
Dans la province d’El Jadida, la production artisanale locale, qui peut représenter une plus-value, de grande importance est presque au degré zéro, depuis bien longtemps.
Il serait inopportun de s’étendre aujourd hui sur les multiples raisons qui ont plongé dans l’anonymat l’un des secteurs considéré autrefois comme l’un des plus prometteurs. Toujours est-il que la nouvelle donne touristique, tombe a point nommé pour redorer le blason a la djellaba saïssia, qui est d’une renommée internationale, ainsi qu aux autres produits, dont on peut citer la broderie du dragon d’Azemmour, la poterie d’Ouled Hcine, qui fournit en taârija tout le marché national, en plus des nattiers de Mogress, mis en faillite suite a l’invasion des produits en plastique .
Toute une diversité de produits dont la revitalisation fait appel a toute une stratégie, selon la responsable de la délégation de l’artisanat.
Cette stratégie doit passer avant tout, par la réalisation d’une banque de données, relative a l’artisanat et aux artisans dans toute la province d’El Jadida, en plus de la réorganisation du complexe artisanal d’El Jadida et son ouverture sur son environnement, tout en procédant a l’agrandissement du complexe d’Azemmour.
Parmi les projets proposés dans les prochains délais, en partenariat avec la Chambre d’artisanat, il est question de la création d’un village pilote pour la fabrication de la djellaba saïssia, a Zaouiat Saïss, dont le budget de réalisation est de l’ordre de 450.000 dh, en plus d’un appui aux artisans potiers du site d’Ouled Hcine, dont bénéficieront 250 artisans potiers (soit 58 ateliers).
Ce dernier projet qui vise la diversification de la production locale en poterie et l’amélioration de sa qualité, comporte un volet équipement en fours (2.679.600,00 dh), et un volet formation (33.500,00 dh).
Avec ce petit tour d’horizon qui nous permet de constater que les réflexes d’El Jadida vis-a-vis de ce projet d’une envergure internationale, sont encore au frémissement, malgré le grand intérêt que lui accordent l’administration centrale et les autorités provinciales, nous ne pouvons omettre de souligner que la province d’El Jadida dispose d’innombrables atouts naturels, culturels et historiques, en mesure de la placer dans la même orbite de l’excellence que celle que les promoteurs du Plan Azur veulent donner a Mazagan.
Tirer El Jadida vers le haut devient donc un impératif auquel doivent s’adapter les mentalités de tous les intervenants dans la vie économique et sociale de cette province, toujours en attente de constituer le deuxième pôle économique du pays.
Chahid Ahmed
Libration via AllAfrica.com