Travail domestique des petites filles : Rien n’a changé !

Mercredi 28 septembre prochain, une jeune femme de 31 ans Amina L. placée en détention, comparaîtra devant la Cour d’appel d’El Jadida pour coups et blessures ayant entraîné la mort. La victime, une fillette, Khadija, âgée de onze (11) ans aurait succombé le 26 juillet dernier aux sévices corporels que lui aurait infligé la fille de son employeuse. Le mari de l’accusée, toujours en liberté, est également poursuivi pour non assistance a personne en danger.

Issue d’une famille pauvre originaire d’un douar situé a 200 km de Marrakech, la petite Khadija était employée de maison a Casablanca depuis trois mois pour un salaire de 400 DH, selon Omar El Kindy de l’Institution Nationale de Solidarité avec les Femmes en Détresse, une association qui soutient des femmes et enfants en détresse. Son employeuse l’avait prêtée a sa fille et son mari, en vacances a El Jadida. Une semaine après, Khadija a été trouvée morte dans la maison de ces derniers, le corps entièrement couvert de traces de coups sévères, relate M. El Kindy dont l’association s’est constituée partie civile dans cette affaire aux côtés des associations Manal d’El Jadida, Touche pas a mon enfant et Bayti.

Malgré leur mobilisation soutenue en faveur de l’enfance, beaucoup reste a faire pour éradiquer le phénomène des petites bonnes et le lot de mauvais traitements dont elles sont victimes.

Les lois ne suffisent pas

Tous les regards se tournent a nouveau vers le projet de loi spécifique visant l’éradication du travail domestique des petites filles. Interpellée sur cette situation, la ministre du développement social Nouzha Skalli que nous avons joint au téléphone se défend: Si cela ne dépendait que de moi, demain ce projet serait discuté au Parlement. Le projet, selon la ministre, a été finalisé et remis au Secrétariat du gouvernement depuis avril 2009.

En attendant, il existe des dispositions dans le Code du travail et dans le Code de la famille qui interdisent le travail des enfants de moins de 15 ans. Egalement, la scolarité obligatoire, l’un des axes du programme d’urgence pour l’école au Maroc, devrait permettre de mettre un terme a ce fléau. Mais ces mesures ne seront suivies de faits que si les mesures d’accompagnement sont mises en place telles que la construction d’écoles dans tous les douars du pays ainsi que des moyens de transport mis a la disposition des élèves, note M. El Kindy.

Pour sensibiliser l’opinion sur la question des petites bonnes, les associations utilisent les réseaux sociaux. Le groupe Petite bonne tuée a El Jadida au Maroc créé sur Facebook compte a ce jour plus de 1.500 membres.

Khadidiatou Diop
Aufait

Auteur/autrice