J avais entendu parler il y a quelques années du projet de Jacques CHIRAC de créer un musée en hommage aux cultures extra européennes. En tant que Président de la 5ème République française, il voulait marquer son passage en laissant un chef d’œuvre muséal a l’ensemble de l’Humanité, et par la même rendre justice aux arts premiers, pouvoir rompre avec une longue histoire de mépris.
Et le rêve devint réalité, Jacques CHIRAC inaugurait le 20 juin 2006 le musée du Quai Branly en présence de nombreuses personnalités parmi elles, le Secrétaire General de l’ONU de l’époque Koffi ANNAN ou encore le chercheur et écrivain Claude Lévi-Strauss, l’auteur de « Tristes Tropiques», tout un symbole…
Visiter le Musée du Quai BRANLY est un voyage dans le patrimoine universel, une promenade riche en découvertes et en enseignements dans un espace ou dialoguent les cultures d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques.
En bas de la Tour Eiffel, la horde des touristes du Monde Entier grouille autour du site phare de la capitale. s’il vous arrive de déambuler dans les parages, quittez le Monstre centenaire d’acier et avancez de quelques pas dans le sens de la descente car la, a l’entrée du Musée du Quai BRALY, vous allez certainement découvrir un décor inédit : un mur végétal orné de plantes multiples vous recevra en premier, un pan entier d’herbes vivantes pendouillent sur le flanc externe du bâtiment central. La surprise est de taille : avant d’accéder a l’ouvrage sur pilotis du Musée, vous traversez un jardin de plantes exotiques et grandissantes, dont certaines dépassent la taille du visiteur.
A l’entrée du 1er Musée de France (leader ex-quo avec le Centre Pompidou au classement 2011 des musées de France sur la base de 71 critères dont l’accueil du public, dynamisme, politique de conservation etc.), chaque visiteur est engagé dans un jeu de cache-merveilles et de questionnements légitimes : d’un côté le site et ses 300.000 objets, vestiges d’une Humanité en perdition, de l’autre, une nature vierge et luxuriante chue la, pour mieux vous rappeler les origines. On ne pouvait trouver meilleure entrée en matière
Je traverse le guichet en un temps éclair, muni de ma carte de presse, sans oublier d’adresser un remerciement particulier au sourire radieux et hospitalier de l’hôtesse d’accueil de l’entrée du musée (07/06/2011). Mes amis, ici, dans le pays de Monsieur Molière, on est a des centaines d’années lumières des bousculades du Festival du rire du Théâtre d’El Jadida ou de l’anarchie indescriptible qui règne a l’entrée des stades de Football marocains.
Ici, faire la queue est un devoir qui relève du sacré, un passage obligé et incontournable, respecté par petits et grands, riches ou moins nantis… On est tellement loin de : – c’est de la part de Mr ou – Laissez entrer Chérif EL OUZZANIou encore – c’est la fille de Mr UNTEL Dans cette terre bénie de révolutions séculaires, il n’y a pas de place comme chez nous a BAK SAHBI* ou bien OULD MOUL LBACH** (expressions qu on peut traduire par *« ton père est mon ami » et **« Fils du proprio de la tente caidale » !!??). Ici, visiter un musée prend son sens le plus noble, l’Art vous ouvre grandes ouvertes les portes de ses vestiges et ses trésors, longtemps diminués, juste rangés et confinés dans les placards de la triste Histoire.
A peine suis-je entré dans l’enceinte feutrée du musée, que je tombe nez a nez ou disons-le pas a pas sur l’installation de l’artiste Charles SANDISON, plutôt une mosaïque mouvante qui a l’air d’amuser les enfants en visite dans ce haut lieu de la Culture. Lisez attentivement la brochure dédiée a cet événement pour le moins exotique : « Le visiteur est invité a s’immerger dans un fleuve de mots en mouvements variables tout au long du parcours de la rampe qui mène jusqu a la source : le plateau des collections. 16.597 noms de tous les peuples et lieux géographiques présents dans les collections du Musée accompagnent ainsi le flux des visiteurs ». En tout cas, pareille animation ne m a nullement laissée indifférent.
Arrivé au site central du Musée, je suis allé déambuler dans les pavillons des objets antiques, sculptés et façonnés pour organiser la vie et la mort dans les sociétés et tribus d’antan. J ai pu ainsi voyager a l’ombre de ces vestiges, souvenirs d’une humanité en perte de vitesse.
Au musée du Quai BRANLY, les statues et les objets exposés vous parlent le langage des esprits et légendes d’un passé lointain, quand les convois armés des soldats et missionnaires étaient enrôlés dans le cadre d’un pillage planétaire, ordonné par les hommes blancs, partis a la conquête du Monde dit sauvage, dans le but suprême de le civiliser.
Tarik BOUBIYA
Eljadida.com