« Puccini… Puccini…! » Un nom étrange, qui résonne comme des notes de musique. Depuis quelques semaines, a El Jadida, ce mot court de terrasses de café en tables de salle a manger, il trottine entre les palmiers de l’avenue Nabeul, sur la croisette d’El Jadida, face a l’océan dans un décor de paradisPuccini, Puccini… on se le dit entre amis, comme on échange un mot de passe pour une bonne adresse… Et on le prononce d’emblée a l’italienne, comme s’il n’y avait qu une seule façon de le prononcer : « Poutchini… ! »
Pour moi, comme pour ceux que la grande musique et l’opéra passionnent, c’est le nom de l’un des plus grands compositeurs de la fin du XIXème siècle et du début du XXème ( Gioccomo Puccini est né en effet en Italie en 1858 et meurt a Bruxelles en 1924) ; c’est aussi cette musique si émouvante que l’on écoute, presque les mains jointes… La Tosca, la Bohême, Turandot, Manon Lescaut, Madame Butterfly… Les plus belles voix du monde en ont interprété les airs principaux : Placido Domingo, José Carreras, l’immense Pavarotti ( Quand Pavarotti chante, le soleil se lève sur le monde!), la sublime Callas, LA VOIX du XXème siècle… Toutes les plus grandes scènes du monde ont accueilli les œuvres de Puccini : l’Opéra de Paris, la Scala de Milan, le Metropolitan Opéra de New York, le Coven Garden, de Londres… Les plus grands chefs d’orchestre du siècle ont dirigé ses œuvres : Arturo Toscanini, Herbert Von Karajan, Lorin Maazel, Tellio Serafin… De grands cinéastes ont porté ses œuvres a l’écran ( cinéma et télévision)… et j ai en mémoire la délicate mise en scène de Madame Butterfly, par Frédéric Mitterrand, le neveu de qui l’on sait… Une jeune japonaise, au tout début du siècle dernier, épouse a Nagasaki un jeune officier américain de passage… Elle en a un enfant… Lui, rentre aux Etats-Unis en lui promettant de revenir bientôt… Butterfly l’attend longtemps, rêvant d’un amour éternel…! Il revient en effet, longtemps après mais accompagné de son épouse américaine… Il vient chercher son fils… La jeune japonaise lui confie l’enfant… puis, de désespoir, se donne la mort…
Et c’est en ayant en mémoire les dernières mélodies de cet opéra que je pousse la porte d’entrée du « Puccini, Restaurante Italiano ». Les vitres en miroir reflètent la majestueuse baie d’El Jadida… Le design est élégant : Sur l’enseigne de l’établissement, couleur jaune oranger, comme sur sa devanture vitrée, apparaît le visage un peu triste-un peu dandy du compositeur italien, et son nom en caractères joliment manuscrits. Il est près de 13h… Il y a déja foule… Un accueil très courtois nous conduit a une table près de la baie vitrée… Les maitres des lieux viennent nous saluer… Curieux comme un journaliste, je leur pose des questions, en rafales… Je résume leurs réponses : Ce restaurant est l’histoire d’une belle amitié entre Said et Mohcine, deux Jdidis, amoureux fous de leur cité; Said Raïb est né entre les murs de la Cité portugaise où son père était un modeste vendeur d’objets artisanaux; Mohcine Jahidi, lui, est fils d’une lignée de serviteurs de l’état… Aucun des deux ne se destinait a la restauration. Said est parti en Angleterre poursuivre des études de Droit… En chemin, il fait la connaissance d’un restaurateur italien qui le convainc d’aller en Espagne monter avec lui un restaurant… Mohcine, quant a lui, est resté ici, a s’occuper d’immobilier et gérer les affaires familiales. Said a fini par créer en Espagne une chaine de quatre restaurants italiens, sous l’enseigne commune de Puccini. Mohcine, pour sa part, refusant que l’immeuble familial de l’avenue Nabeul, soit vendu, en transforme une partie en un restaurant : le « Maritimo ».
Quelques années plus tard, tous deux ont décidé de s’associer et de mettre en commun leur volonté de réussir a monter un projet a El Jadida : Un restaurant italien a l’identique de ceux que Said possède en Espagne… Les dossiers, les formalités, les tracasseries administratives. Mais leur entêtement farouche a eu raison de toutes les difficultés… Sans architecte, concevant tout eux-mêmes « du sol au plafond », jusqu a tracer a la craie, sur la dalle de béton, la courbe qui deviendra celle de la cuisine, a l’américaine, qu ils veulent ouverte, pour une plus grande communion entre le personnel et la clientèle. Après 18 mois d’intense labeur, le restaurant a ouvert… Ainsi est né le Puccini.
Et dès le départ, ce nouveau concept fut un succès: Une cuisine italienne et populaire, des plats a prix modéré, un accueil sympathique, un service rapide et une équipe jeune, dynamique et professionnelle. Toutes les clés pour passer un bon moment entre amis ou en famille; au rez-de- chaussé, il y a aussi un « lounge », aux banquettes cossues, pour un café plus intime ou toute autre boisson plus personnalisée
« Cela manquait, en plein centre d’El Jadida » me dit Jacqueline, venue ici presque en voisin avec son mari. « Et puis, continue-t-elle, une belle carte : des pâtes de toutes sortes et a toutes les sauces, des spécialités de viande, volaille, poissons ou fruits de mer, y en a pour tous les go»ts ! » « Ma fille adore les pizzas et ici, elles sont faites maison et cuites au four », rajoute Mohand, attablé avec sa famille près d’une baie vitrée… Jamila, l’ainée, regarde par la fenêtre, les gens passer sur la corniche; elle sait qu on ne peut pas la voir et elle s’en amuse. Arrive un groupe d’une dizaine de touristes, vite installés, rapidement servis, visiblement heureux du décor… En fond sonore, une musique très discrète… « Bientôt, j aurais de la musique de Puccini, me confie Said, et je pense aussi trouver une solution pour les fumeurs et les non fumeurs ».
Ce jour-la, il y avait aussi, a une table voisine, M. Mohamed Sajid, Président du Conseil de la Commune urbaine de Casablanca, accompagné de quelques personnes. En partant, M.Sajid, qui est également membre du Parlement, Vice Président de la Région du Grand Casablanca, et Vice Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Wilaya du Grand Casablanca, laissa sur le livre d’or du Puccini, une trace manuscrite de son passage : « Nous découvrons une excellente table qui honore notre ville d’El Jadida. l’équipe est compétente dans la cuisine et chaleureuse dans son accueil. Je lui souhaite un très grand succès et je suis s»r que, continuant dans cette qualité de service, l’équipe ira très loin.» Un beau compliment, pour une belle initiative menée avec la sincère conviction de concourir au développement touristique de la région…
Un téléphone, au cas où il vous faut retenir une table : 05.23.34.40.29
Une adresse : 70, av Nabeul – Corniche d’El Jadida ( tout près des Bureaux de Maroc Télécom)
Michel Amengual
Eljadida.com