La disparition progressive des terrains de quartiers a eu, pour conséquence, l’extinction des joueurs racés. En effet, faute de terrains, les jeunes ne trouvent plus où s’adonner a leur sport favori, en l’occurrence le football. Il n’est pas rare de voir, de temps en temps, des gosses et, parfois, des adolescents taper sur une balle en pleine rue. Au risque de gêner la circulation et importuner les passants. Surtout, qu actuellement, aucun promoteur immobilier ne pense a l’aménagement d’un terrain de quartier après avoir construit un ensemble d’immeubles.
Certes, le logement doit primer, mais un petit lieu de divertissement ne fera que du bien.
Allez voir les lotissements publics du ministère de l’Habitat : Koudiat ben driss, Al Qods, Mouilha, Saada I et II, Hay Salam, où vivent plus de 60.000 habitants pour constater, non sans un pincement au cœur, que le côté culturel et sportif a été complètement immolé sur l’autel de l’habitat. De cette carence, par ailleurs flagrante, les responsables de la ville (élus et autorités) ne s’en rendent pas compte. Surtout que la seule réalisation remarquable depuis l’indépendance demeure le stade ABDI, puis Ahmed Lachhab.
Fini le bon vieux temps où les gosses du quartier s’adonnaient a cœur joie au jeu du ballon dans une place aménagée pour la circonstance. Et c’est ce genre de lieu-la qui a fourni les meilleurs footballeurs de la région. Aller demander a un CHIADMI, a un CHICHA ou tout récemment a un BABA où ils ont appris les premiers ABC du football. Ils vous répondront : dans les terrains du quartier. Ces terrains la se sont transformés depuis un certain temps en hôtels, en stations de bus, en immeubles et la liste est longue.
Où sont passés les terrains de Nour Al kamar, du plateau, de Mouilha et de Sidi Moussa ?
Tout simplement, ils ont cédé la place aux immeubles et aux lotissements. c’est que le béton a El Jadida, telle une pieuvre, ne cesse d’étendre ses tentacules pour englober et les zones vertes et les terrains du quartier.
Sensibiliser les promoteurs immobiliers
Il faut sensibiliser ou plutôt obliger les entrepreneurs et les promoteurs immobiliers a penser a l’installation de petits complexes sportifs et culturels et ce, en parallèle avec la construction des logements. Ce travail a la base pourrait, a la longue, devenir une tradition.
Mais cette pratique de construction tous azimuts pose le problème de l’urbanisme. En effet le cadre de vie n’est pas toujours agréable. Des masses de briques s’élancent vers le ciel sans offrir aux habitants les espaces certes, les centres culturels, les mini-terrains de sport. Bref, la ville s’étend vers la périphérie en injectant l’anonymat et le mal de vivre.
Face a cette dégradation constante du cadre et de la qualité de vie, ne faudrait-il pas penser a importer des normes et un cahier des charges et a veiller a leur respect, pour que l’acquéreur d’un logement ne soit pas prisonnier de froids immeubles anonymes et sans âme ?
L’enfance dérobée
Combien sont-elles, ces toutes jeunes filles a peine sorties de l’enfance, suivant comme une ombre discrète d’autres petits joufflus rayonnants de bonheur et insouciants, protégés et chéris par leurs parents et souvent tyranniques a l’égard de ces pauvres âmes, servantes d’un autre âge et néanmoins bien réelles dans la ville des Doukkalas d’aujourd hui ?
Cette vision des petites «bonnes couchantes», arrière plan d’une famille heureuse, est tristement banale.
Comment des femmes et des hommes, eux mêmes parents, et donc préoccupés par le bonheur et la protection de l’enfance, peuvent-ils avoir recours a d’autres adolescentes si jeunes encore (certaines d’entre elles n’ont pas 12 ans) et ayant droit comme tant de petits privilégiés a l’éducation, a l’insouciance et a la protection du monde adulte ?
Comment peut-on confier la tâche infiniment délicate et si contraignante qu est l’éducation de jeunes enfants a des jeunes filles n’ayant pas hélas reçu, dans la plupart des cas, une éducation ? Ces filles plongées avant l’âge dans le monde du travail et contraintes aux travaux ménagers difficiles s’occupent de l’éducation d’enfants a peine plus jeunes qu elles. Ces filles vivent dans l’ombre d’une famille, spectatrices, malheureuses d’un bonheur qui ne leur appartient pas, ne possédant souvent pas même une chambre pour se retirer, ne recevant pas le petit salaire qui leur est d» puisque celui-ci est entièrement versé a des parents indignes (mais ne sont-ils pas démunis pour se payer le luxe de la dignité ?).
Et a qui faut-il donc adresser des reproches puisque ce n’est pas a ces parents sans éducation et si pauvres qu ils n’ont rien a offrir a leurs enfants souvent nombreux ? n’est-ce pas a ces autres parents, nantis et bien élevés qui ont fait des études supérieures et qui n’hésitent pas a recruter des enfants pour s’occuper des leurs ?
Lekhiar El Mostafa
Al Bayane