Zahra Lachguer, une histoire malheureuse avec l’athlétisme

Quand l’une de ses camarades de classe lui a demandé de lui prêter ses espadrilles, Zahra a voulu savoir la raison de cette demande. Et quand elle a su que son amie allait participer a une course, elle décide, sans aucune hésitation, a y participer, elle aussi. Curiosité ou simple jeu enfantin ? Peu importe. Mais une chose est s»re ; en prenant la décision de participer a cette course, Zahra n’a pensé, a aucun moment, qu elle allait devenir une championne. Depuis, une grande histoire d’amour est née entre Zahra et l’athlétisme. Une histoire qui dure jusqu a nos jours malgré les obstacles.

Après cette fameuse course, Zahra intègre le DHJ (Difaâ Hassani Jadidi), le club de sa ville natale, et commence sérieusement les entraînements. Elle multiplie ses participations aux différents meetings organisés au Maroc et réalise de bonnes performances. Après, on s’intéresse a elle et on l’intègre a l’équipe nationale. c’était en 1995. « J ai fait un grand pas en devenant membre de l’équipe nationale d’athlétisme », confirme Zahra. La même année, on fait appel a elle pour défendre les couleurs nationales aux Jeux Méditerranéens de Bali.

L’équipe marocaine se composait alors de grands noms a leur tête Nezha Bidouane. En effet, plusieurs points communs existent entre Nezha et Zahra: même discipline (400m haies), mêmes lieux d’entraînementMais une chose les sépare : l’une est devenue une championne de renommée internationale, alors que l’autre n’a pas réalisé « grand-chose ». Pourquoi ?

L’explication a tout cela est simple d’après Zahra Lachguer : « Je pense que Nezha Bidouane est un cas exceptionnelPeut-être que lorsque je faisais partie de l’équipe nationale, les responsables s’intéressaient plutôt a Nezha et Hicham et ont oublié les autres Bref, au moment où je devrais réaliser de grands exploits, j étais complètement démotivée ».

Oui, vous l’avez bien compris, Zahra ne fait plus partie de l’équipe nationale d’athlétisme. Des Jeux Méditerranéens a Bali, au Championnat d’Afrique, a Brazzaville en passant par les Jeux Panarabes en Jordanie, la Coupe du Monde en Espagne, Zahra Lachguer a répondu présente pendant dix ans a toutes les compétitions. Elle était toujours la, prête a relever le défi Mais, il a fallu prendre une décision. « Vous savez. Un athlète c’est comme un enfant, il a toujours besoin qu on l’encourage, qu on lui donne un coup de mainDurant toute ma carrière, il n’ y avait personne a mes côtés, c’est pourquoi j ai décidé d’arrêter alors que je suis toujours capable de donner beaucoup a l’athlétisme national ».

Et ce n’est pas la première fois que la Championne d’Afrique en 400 m haies se retire de la scène sportive.

En 2000, elle décide de poursuivre ses études a l’Institut Moulay Rachid. Quatre ans après, elle obtient le diplôme d’entraîneuse. Durant ses années d’études, Zahra a été, bien entendu, « hors-jeu ». Et pour couronner le tout, elle se casse la jambe. Après, on ne fait plus appel a elle. Voila un coup d’une tout autre ampleur ! Toutefois, Zahra persévère a croire en son rêve. Elle s’entraîne toute seule, se bat comme un tigre pour garder sa forme, participe a des meetingsMais un jour, elle décide de tout arrêter. Elle ne pouvait plus supporter cette situation. Depuis, elle ne cesse de crier : il faut que cela change. Mais, rien n’a été changé. c’est toujours le statu quo.

« Je ne devrais jamais quitter le sport, surtout qu au niveau de l’athlétisme féminin, on n’a pas beaucoup d’athlètes la relève n’existe pas Mais j en ai marre ».

Aujourd hui, Zahra est entraîneuse au club l’Olympique Marocain. Elle encadre des jeunes espoirs. « Mon rêve est que l’un de ces enfants que j encadre réalise, un jour, ce que je n’ai pas fait. Je lui serais vraiment très reconnaissante ».
Mais avant que tout cela ne se réalise, Zahra Lachguer affirme qu elle veut reprendre ses entraînements, qu elle est prête a défendre les couleurs nationales « J ai besoin qu on m aide ». A Bon entendeur !

Fatima-Ezzahra Sadane
LE MATIN

Auteur/autrice